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11/13/2008
Antonio Vivaldi : Largo tiré de
« L’Hiver » (arrangement d’Albrecht Mayer) – Concerto pour hautbois en ut majeur, RV 447

Giovanni Platti : Concerto pour hautbois en sol majeur
Alessandro Marcello : Concerto pour hautbois en ré mineur
Benedetto Marcello : Improvisations sur la chanson
« Se morto mi brami perché non m’uccidi »

Antonio Lotti : Concerto pour hautbois d’amour en la majeur
Tomaso Albinoni : Concerto à cinq, opus 9 n° 2

Ensemble New seasons, Albrecht Mayer (hautbois et direction)
Enregistré en 2008 – 70’51
Decca 478 0459 (distribué par Universal) – Notice trilingue (anglais, allemand, français) d’Austin Baer






Le propre des chefs de pupitre des grandes phalanges internationales, une fois la reconnaissance acquise au sein de l’orchestre, est de se produire comme soliste dans un disque permettant de montrer, à qui en douterait, que leur notoriété n’est pas usurpée tant sur le plan technique que musical. L’Orchestre philharmonique de Berlin a toujours bénéficié de personnalités exceptionnelles qu’il s’agisse, par exemple, du clarinettiste Karl Leister, du hautboïste Lothar Koch ou du violoncelliste Ottomar Borwitzky sous l’ère Karajan. Aujourd’hui encore, le flûtiste Emmanuel Pahud, le violoniste Toru Yasunaga ou le violoncelliste Georg Faust perpétuent cette tradition au sein du célèbre orchestre ; de même Albrecht Mayer, hautboïste solo depuis 1992. Déjà soliste de deux disques (l’un consacré à Mozart et à Lebrun, l’autre à Haendel) publiés chez Deutsche Grammophon, le voici qui présente un disque consacré aux concertos pour hautbois de plusieurs compositeurs vénitiens.


A l’image de ce qui existe pour d’autres artistes, on passera rapidement sur les photographies émaillant le disque destinées à nous prouver non seulement qu’il joue du hautbois, mais également qu’il s’est même rendu à Venise en personne (pour un peu, après l’avoir vu jouer de son instrument dans une gondole, on s’attendrait presque à le voir photographié aux côtés d’un souffleur de verre…). Cet aspect commercial doit être dépassé car on tient là un très beau disque qui, une fois n’est pas coutume, sort un peu des sentiers battus en programmant notamment Giovanni Platti, Antonio Lotti et Benedetto Marcello.


On s’étonnera néanmoins du premier morceau proposé : le Largo de « L’Hiver », tiré des Quatre saisons d’Antonio Vivaldi (1678-1741), arrangé pour hautbois par Albrecht Mayer lui-même… Ce ne sont pourtant pas les magnifiques concertos pour hautbois qui manquent sous la plume du Prêtre roux : on renverra le mélomane aux magnifiques disques gravés notamment par Hans Peter Westermann (dans la collection Vivaldi Edition chez Naïve – Opus 111) ou par Alfredo Bernardini (chez Astrée Auvidis). Cette adaptation fait donc figure d’anecdote et peut rapidement être oubliée. Le Concerto pour hautbois en ut majeur RV 447 trouve ici une version de référence portée par un soliste inspiré et un orchestre particulièrement attentionné.


Moins connu que son illustre confrère, Giovanni Platti n’est peut-être pas à proprement parler un compositeur vénitien puisqu’on hésite encore à la faire naître dans la Sérénissime ou à Padoue en 1692 (ou en 1697)… Certes, il a reçu son éducation musicale à Venise mais, dès 1722, il part en Allemagne où il effectuera le reste de sa carrière (notamment au service du prince-archevêque de Bamberg et de Würzburg) jusqu’à sa mort en 1763. Compositeur virtuose, il laisse notamment des sonates pour clavecin, pour flûte, pour violoncelle et plusieurs pièces de musique sacrée. Son Concerto pour hautbois en sol majeur est tout à fait plaisant, les accents italiens se mêlant à certaines influences allemandes que l’on retrouve également chez Haendel… De plus, contrairement à certains compositeurs de l’époque, il ne s’attache pas à la virtuosité de son instrument en tant que telle, préférant en effet la mettre au service des climats qu’il souhaite instaurer. Le Largo est ainsi exemplaire, offrant un magnifique dialogue entre Mayer et Riccardo Minasi au violon.


Un récital de hautbois peut-il faire l’impasse sur le Concerto d’Alessandro Marcello (1669-1747) qui est à cet instrument ce que le Concerto de Hummel est à la trompette ? Pouvant facilement donné lieu à une interprétation qui tient avant tout de la guimauve, ce concerto est surtout connu pour son Adagio aérien, qui a fait les beaux jours des compilations baroques en tous genres. Albrecht Mayer en donne ici une version tout à fait convaincante, sans s’appesantir, accompagné par un ensemble d’une grande probité. Le Presto est endiablé, rappelant à l’auditeur que son auteur, Marcello, n’était pas un compositeur professionnel mais un noble érudit, passionné de mathématiques et de philosophie, qui ne considérait la musique que sous la forme d’un divertissement. La joie est ici éclatante !


Son frère, Benedetto Marcello (1686-1739) est, en revanche, un compositeur à part entière bien que son père le destinât vraisemblablement à une carrière de juriste… Ses Variations sur le thème de la chanson « Se morto mi brami perché non m’uccidi » sont données avec une grande retenue mais, avouons-le, leur intérêt musical est très relatif…


Tel n’est pas le cas du Concerto d’Antonio Lotti, compositeur né en 1665 à Venise (ou à Hanovre, les doutes subsistent…) mais dont il est certain qu’il est décédé à Venise en 1740. Professeur réputé (ses élèves s’appelaient notamment Zelenka, Galuppi ou Benedetto Marcello), il est surtout célèbre pour ses magnifiques pages de musique sacrée. Son Concerto pour hautbois en la majeur est stylistiquement très proche de ce que l’on peut entendre dans certaines œuvres de Vivaldi. On écoutera notamment le deuxième mouvement qui, sur un rythme de sicilienne, allie de la plus belle manière simplicité et émotion.


Tomaso Albinoni (1671-1751) a composé six sinfonias et six concertos à cinq, tous publiés en 1700. Le Concerto à cinq opus 9 n° 2 de est issu de cet ensemble. Force est de constater qu’il s’agit d’une œuvre très intéressante avec, là encore, un mouvement lent absolument prodigieux de finesse et de musicalité. L’auditeur pourra compléter cette écoute par le recueil des douze Concertos opus 9 interprétés par Alfredo Bernardini et Franck de Bruine, dirigés par Christopher Hogwood (Decca). Ce dernier coffret permettra notamment de retrouver un surplus d’authenticité par rapport au présent témoignage : en effet, quel dommage qu’Albrecht Mayer n’ait pas utilisé un hautbois d’époque ! Le disque n’en aurait été que plus recommandable…


Sébastien Gauthier

 

 

 

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