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09/07/2008
Béla Bartók : Concerto pour deux pianos et percussion, sz. 115* – Concerto pour violon n° 1, sz. 36 – Concerto pour alto, sz. 120

Tamara Stefanovich, Pierre-Laurent Aimard (piano), Nigel Thomas, Neil Percy (percussion), Gidon Kremer (violon), Youri Bashmet (alto)
London symphony orchestra (*), Berliner Philharmoniker, Pierre Boulez (direction)
Enregistré à Berlin (mars 2004) et à Londres* (mai 2008) – 70’36
Deutsche Grammophon 477 7440 (distribué par Universal)






Après le Second concerto pour violon et les deux Rhapsodies avec Gil Shaham, parus en 1999, puis les trois Concertos pour piano avec différents solistes et orchestres, parus en 2005, Pierre Boulez achève son parcours parmi les œuvres concertantes de Bartók par un curieux couplage de trois pages «en marge», comme les qualifie la notice de ce disque (en anglais, allemand et français), pour ne pas dire malaimées, dont une seulement fut donnée en public du vivant du compositeur.


En effet, suite à la rupture avec sa dédicataire, Stefi Geyer, le Premier concerto pour violon (1908) ne fut créé que cinquante ans plus tard, son Andante sostenuto initial étant toutefois devenu le premier des Deux Portraits. Quant au Concerto pour deux pianos et percussion (1940), il s’agit d’un arrangement de la Sonate pour deux pianos et percussion que le compositeur dut consentir à la nécessité «alimentaire» d’étendre le répertoire du duo qu’il formait avec son épouse. Enfin, c’est à son élève Tibor Serly qu’a échu la charge d’achever l’ultime Concerto pour alto (1945), à partir d’un nombre restreint d’indications quant à l’orchestration ou même à l’ordre de déroulement des différentes esquisses.


Des œuvres dont, jusqu’à ces dernières années, on n’aurait guère imaginé qu’elles puissent susciter l’intérêt d’un chef réputé pour son exigence, écartant d’ailleurs de cette «intégrale» la Rhapsodie pour piano et orchestre, l’«opus 1» de Bartók. Boulez n’en parle pas moins de «faiblesses» à propos du Premier concerto pour violon et ne mésestime pas les problèmes d’authenticité posés par le Concerto pour alto, même s’il considère en revanche que le premier mouvement du Concerto pour deux pianos et percussion acquiert «une dimension différente» par rapport à la Sonate.


L’ajout de l’orchestre tend nécessairement à arrondir les angles, à épaissir les textures et à affaiblir le caractère hors normes, radical et novateur de la Sonate, mais force est de reconnaître que Boulez, assisté par un quatuor soliste au-dessus de tout soupçon, un excellent Orchestre symphonique de Londres et une belle prise de son, évite tout ce qui pourrait contribuer à édulcorer davantage le propos.


Dans les deux autres concertos, captés voici plus de quatre ans, Boulez est à la tête d’une Philharmonie de Berlin plus moelleuse et séduisante que jamais, ce qui convient évidemment au postromantisme du Premier concerto pour violon. Quant à Gidon Kremer, si sa technique n’est sans doute plus ce qu’elle était, sa sonorité à la fois fragile et lumineuse fait merveille dans le premier mouvement, et son tempérament versatile et frondeur, n’hésitant pas à souligner le trait grotesque, convient idéalement au second. Sans surprise, Youri Bashmet, égal à lui-même, rhapsodique et haut en couleur, théatralise encore plus le ton dans le Concerto pour alto, qu’il enregistre ici semble-t-il pour la première fois: une version sans cesse au bord du gouffre pour une partition que les interprètes tirent généralement davantage vers la sérénité et le dépouillement du Troisième concerto pour piano.


Simon Corley

 

 

 

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