About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

08/25/2008
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Les six Symphonies – Roméo et Juliette – Francesca da Rimini, opus 32 – Ouverture «1812», opus 49 – Manfred, opus 58

Philharmonia orchestra, New Philharmonia orchestra [Symphonie n° 1], Philadelphia orchestra [1812, Francesca da Rimini], Riccardo Muti (direction)
Enregistré à Londres (11-12 février 1975 [Symphonie n° 1], 27-28 mars 1977 [Symphonie n° 2, Roméo et Juliette], 24-25 juin et 20 juillet 1977 [Symphonie n° 3], 18 et 21 janvier 1979 [Symphonie n° 4], 1er et 2 juillet 1978 [Symphonie n° 5], 14 et 15 novembre 1979 [Symphonie n° 6], 3 et 10 juillet 1981 [Manfred]) et à Philadelphie (9 février 1981 [1812], 19 et 21 janvier 1991 [Francesca da Rimini]) – 369’40
Coffret de cinq disques EMI 50999 501769 2 2






La branche française d’EMI réédite en un coffret de cinq disques au minutage généreux (plus de six heures de musique) la quasi-totalité des enregistrements que Riccardo Muti a consacrés à Tchaïkovski, pour l’essentiel dans la seconde moitié des années 1970, avec le (New) Philharmonia orchestra dont il était alors le directeur musical. C’était juste au moment où il s’apprêtait à exercer les mêmes fonctions auprès de l’Orchestre de Philadelphie, qu’on trouve d’ailleurs ici dès 1981 pour l’ouverture 1812 et, dix ans plus tard, pour la fantaisie Francesca di Rimini.


S’il omet la médiocre reconstitution posthume d’une hypothétique Septième, cet ensemble est remarquablement complet, puisqu’outre les trois premières Symphonies, assez souvent (et injustement) négligées, il comprend Manfred, sous-titré «symphonie en quatre tableaux», qui est au fond la véritable «Septième» de Tchaïkovski, dont Philippe Mougeot, dans une notice à la fois succincte, intéressante et subjective (en français), souligne pertinemment la parenté avec la Fantastique de Berlioz.


Pour ce qui est des Symphonies proprement dites, les trois premières bénéficient d’excellentes lectures, dans lesquelles la patte du chef italien est immédiatement reconnaissable: lyrisme débordant des thèmes populaires – finale de la Première «Rêves d’hiver» (1868/1874) –, geste hautain et autoritaire, voire cassant – Allegro vivo initial de la Deuxième «Petite Russie» (1872/1879) –, brio et éclat instrumental – mouvements extrêmes de la Troisième «Polonaise» (1875) – avec un tempérament toujours bouillonnant qui le conduit parfois à forcer un peu le trait, mais réserve le plus souvent des moments enthousiasmants. Dans le même esprit, l’ouverture-fantaisie Roméo et Juliette (1869/1880) est rutilante et dramatique à souhait, comme la fantaisie Francesca da Rimini (1876), qui bénéficie en outre des sonorités moins standardisées de l’Orchestre de Philadelphie.


Les trois dernières symphonies, où il ne suffit plus de rouler des mécaniques, de se contenter d’effets de manche et de faire ronfler l’orchestre dans une prise de son flatteuse mettant les cors très en avant, se révèlent nettement plus problématiques, notamment face à l’abondance des références. Rien ici, pour prendre des esthétiques très différentes, des qualités idiomatiques des grands interprètes russes, Mravinski en tête, ou de l’originalité de certaines visions «occidentales», comme celle de Böhm. Encore la Quatrième (1877) est-elle pétaradante et superficielle, mais la Cinquième (1888), surlignée et sucrée, extérieure et emphatique, poussive à force de ralentis complaisants, est sans doute la plus décevante de cette intégrale, un ton en-dessous d’une Sixième «Pathétique» (1893) également spectaculaire et alanguie, dont le premier mouvement paraît tout aussi contestable que la Cinquième mais dont les suivants évoluent mieux, restant toutefois en retrait de sa version live d’avril 2003 avec l’Orchestre national de France (Naïve).


Et dès que le propos redevient narratif, Muti semble davantage à son affaire, comme dans un Manfred (1885) brillant et tendu, démesuré et hyperromantique, ou dans la grande fresque épique de 1812 (1880).


Simon Corley

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com