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08/18/2008
Joseph Haydn : Symphonies n° 88, 89, 90, 91 et 92 «Oxford» – Symphonie concertante (n° 105)

Jonathan Kelly (hautbois), Stefan Schweigert (basson), Toru Yasunaga (violon), Georg Faust (violoncelle), Berliner Philharmoniker, Simon Rattle (direction)
Enregistré en public à Berlin (8-10 et 14-17 février 2007) –145’20
Album de deux disques EMI 0946 3 94237 2 9






Dans son introduction à la notice (en anglais, allemand et français) de Richard Wigmore, Simon Rattle décrit Haydn comme «notre plus grand compositeur négligé». Si beaucoup s’accordent sur ce constat, peu passent cependant à l’acte, que ce soit au concert ou au disque, et encore moins en dehors du cadre d’intégrales. Cela vaut notamment pour les cinq symphonies, dites parfois «Tost» (les deux premières) et «d’Ogny» (les trois suivantes), situées entre les Parisiennes et les Londoniennes: car si la Quatre-vingt-huitième (1787) et la Quatre-vingt-douzième «Oxford» (1789), voire la Quatre-vingt-dixième (1788), bénéficient d’une incontestable renommée, tel n’est pas le cas des Quatre-vingt-neuvième (1787) et Quatre-vingt-onzième (1788). Sans attendre un agenda plus médiatique, celui du bicentenaire de la mort de Haydn (2009), ce généreux double album couvre donc entièrement l’espace entre ces deux célèbres groupes de symphonies, en y ajoutant même la Symphonie concertante (1792), écrite en même temps que la première série de Londoniennes.


Rattle s’est fondé sur le plus récent examen des sources effectué par Andreas Friesenhagen, mais la question des affinités qu’il entretient avec Haydn ne se pose pas moins. «Y a-t-il un compositeur qui soit un meilleur compagnon avec qui dîner?» s’interroge-t-il. Malheureusement, l’impression prévaut parfois qu’il en reste à cette vision un peu superficielle d’une conversation amicale autour d’un agréable moment de musique, où l’on s’amuse bien, en variant les reprises et en ajoutant des ornementations, autant d’occasions pour les bois berlinois de faire assaut de virtuosité.


Et quand les œuvres cultivent elles-mêmes la plaisanterie, il jubile de ce que les facéties haydniennes fonctionnent encore à notre époque. Deux versions sont ainsi proposées de l’Allegro assai final de la Quatre-vingt-dixième, auquel, visiblement ravi de son «coup», il consacre la moitié de son introduction: l’une «traditionnelle», l’autre où ont été conservés les longs applaudissements (trop précoces) et rires du public, leurré (deux fois) par la «fausse fin». Et de conclure: «ces bruits du public sont écrits dans la partition, fût-ce de manière invisible». Soit, et on n’a pas de mal à croire le chef anglais lorsqu’il parle de «la joie que nous avons eue à jouer [ces symphonies]».


Mais il rend bien sûr également hommage aux richesses de Haydn, «d’autant plus touchantes qu’il les laisse entr’apercevoir plutôt qu’il ne les dévoile ouvertement». Or, précisément, Rattle a tendance à surligner excessivement ce qui lui semble important, par des effets trop recherchés et artificiels, des clins d’œil appuyés, comme cette manière des cordes de scander les deuxième et troisième temps du Trio du Menuetto de la Quatre-vingt-huitième ou l’insistance des portamenti dans le finale de la Quatre-vingt-neuvième.


Cela étant, bon nombre de pages constituent de véritables réussites, comme l’Allegro con spirito final de la Quatre-vingt-huitièmeou l’Andante con moto de la Quatre-vingt-neuvième, tandis que la méconnue Quatre-vingt-onzième bénéficie d’une belle réévaluation, que l’Oxford adopte une carrure déjà beethovénienne et que la Symphonie concertante aura rarement paru aussi intéressante. Et l’on admire évidemment la cohésion du Philharmonique de Berlin, que Rattle fait sonner en live avec une transparence et une légèreté dignes des meilleurs ensembles baroques, toniques timbales à l’ancienne comprises, nouveau témoignage des changements radicaux qu’il a imprimés depuis son arrivée dans la capitale allemande.


Simon Corley

 

 

 

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