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08/18/2008
Julien-François Zbinden : Symphonies n° 1, opus 18 [1], n° 2, opus 26 [2], n° 3, opus 77 [3], et n° 4, opus 82 [4] – Torneo veneto, opus 64 [5] – Prosphora, opus 61 [6] – Elégie, opus 76 n° 1 [7]

Orchestra della Radiotelevisione della Svizzera italiana (RSI) [1], Radio Orchester Basel [2], Sinfonietta de Lausanne [3], Orchestre de chambre de Lausanne [4, 5, 6, 7], Matthias Aeschbacher [1], Jean-Marie Auberson [2, 3], Jesus Lopez Cobos [4], Armin Jordan [5], Lawrence Foster [6, 7] (direction)
Enregistré à Lugano (20-21 mai 2004) [1], Bâle (19 août 1975) [2] et Lausanne (21 novembre 1989 [3], 28 janvier 1993 [4], 8 novembre 1982 [5], 20 novembre 1987 [6] et 7 décembre 1987 [7]) – 137’56
Album de deux disques Gallo CD-1229 1230 (distribué par Intégral)






A l’occasion du quatre-vingt-dixième anniversaire de Julien-François Zbinden (né le 11 novembre 1917), Gallo a publié grâce aux archives des trois unités d’entreprise de la Société suisse de radiodiffusion (SSR) une anthologie orchestrale regroupant sept de ses œuvres, dont cinq interprétées en public et trois en création mondiale. Servi par les meilleurs musiciens helvètes ou en fonctions en Suisse et assorti d’une notice très complète (en français, anglais et allemand), ce généreux double album permet de faire connaissance avec une personnalité importante de la vie musicale de son pays, qui fut notamment président de l’Association suisse des musiciens puis président de la Société suisse pour les droits des auteurs d’œuvres musicales.


Apparues en deux groupes de deux séparés par plus de trente ans, les quatre Symphonies permettent de mesurer la stabilité du langage du compositeur vaudois, demeurant toujours fidèle à la tonalité, au besoin corsée par une polytonalité à la Roussel davantage qu’à la Milhaud. La Première (1953) pour orchestre de chambre, dédiée à l’Orchestre de chambre de Lausanne et à Victor Desarzens, évolue dans un néoclassicisme stravinskien, avec élégance et vigueur (Largo - Allegro giocoso), nostalgie et lyrisme (Adagio molto cantabile) puis gaieté et dynamisme, s’achevant dans un esprit qui pourrait rappeler aussi Prokofiev (Vivace assai).


Plus développée, plus sombre et plus poivrée, la Deuxième (1956) est dédiée au professeur de contrepoint de Zbinden, René Gerber: les premier et dernier mouvements sont bâtis sur la transcription musicale des lettres de son nom, mais le Lento est dédié à la mémoire d’Arthur Honegger, le violon solo citant d’ailleurs brièvement son Saint François d’Assise. Le déroulement du finale, avec sa «marche d’allure ricanante […] qui pourrait symboliser l’aspect inhumain de notre époque» mais s’achevant par un choral qui exprime «l’espérance d’un monde meilleur» est d’ailleurs typiquement honeggérien (Troisième symphonie «Liturgique»).


Trente-trois ans plus tard, la Troisième (1989) pour quinze cuivres (dont six trompettes), cordes, piano, harpe et percussion, résulte d’une commande du Conservatoire de Lausanne, dont il fut l’élève de 1935 à 1938. C’est ici l’enregistrement de la création, par son dédicataire, Jean-Marie Auberson, qui met en valeur une écriture de facture toujours aussi classique, d’une sévérité que la véhémence vient tempérer, opposant les cuivres – qui se taisent parfois longuement – aux autres groupes instrumentaux. A nouveau, et sans surprise au regard de l’effectif requis, le choral s’impose, en particulier dans le court Moderato con semplicita (troisième mouvement), mais le Lento qui précède, par son intensité, constitue le cœur de l’édifice.


Commande de l’Orchestre de chambre de Lausanne, dont le directeur musical était alors Jesus Lopez Cobos, pour le cinquantième anniversaire de sa fondation, la Quatrième (1992), pour cordes seules, adopte une structure et une durée comparables à celles de la Troisième. C’est, ici encore, un enregistrement de la première exécution de l’œuvre, qui semble avoir du mal à se détacher de l’ombre immense de la Deuxième d’Honegger, si ce n’est pour l’ironie aigre-douce du troisième mouvement (Moderato molto).


Trois pages plus brèves complètent cette intégrale des Symphonies. Commande de l’Association des amitiés gréco-suisses pour le Festival d’Athènes, Prosphora (1979) mérite donc bien son titre, qui signifie «offrande». Cette «ouverture sur des thèmes grecs» recourt à trois mélodies folkloriques, mais de façon plus aventureuse que ne le laisse supposer ce sous-titre, dans un robuste mélange de tradition et de modernité évoquant certaines des Danses grecques de Skalkottas. Ici sous la baguette de Lawrence Foster, l’œuvre fut créée par Armin Jordan, qu’on retrouve en revanche pour la première suisse de Tournoi vénitien (1981). Ecrite pour Claudio Scimone et ses Solisti veneti, cette fantaisie à douze parties réelles s’inspire de deux mélodies de Vénétie: ici aussi, le propos se révèle moins anecdotique que ne le laisse supposer cette description, avec une première partie âpre et d’une grande densité polyphonique, où le célèbre Carnaval de Venise se fait bien plus grimaçant ou énigmatique que léger, avant de servir de prétexte à un saltarello enchaînant les fugatos.


L’Elégie (1987) pour cordes est fondée sur les consonnes du nom du compositeur Constantin Regamey (1907-1982): la pièce a en effet été conçue à sa mémoire, pour le cinquième anniversaire de sa disparition, et dédiée à son épouse Hanka, apportant une touche finale – une fois de plus sous forme de choral – au portrait symphonique d’un créateur plus sincère que spontané, plus prévisible que séduisant, mêlant inquiétude et espoir, mais auquel on ne pourra reprocher de tricher ou de jouer d’artifices.


Simon Corley

 

 

 

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