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01/24/2008
Giuseppe Verdi : La TraviataRigoletto
Vincenzo Bellini : Les PuritainsLes Capulets et les Montaigus
Gaetano Donizetti : Maria StuardaLucia di Lammermoor

Natalie Dessay (soprano), Karine Deshayes (mezzo-soprano), Franck Ferrari (baryton), Matthew Rose (basse), Roberto Alagna (ténor), Natalie Dessay (soprano), Sascha Reckert (harmonica de verre), Europäischer Kammerchor, Concerto Köln, Evelino Pidò (direction).
Enregistré en juillet et août 2007 – 73’25.
DVD Virgin Classics 50999 5129602 5. Notice en français, textes en italien et en français.


« Natalie Dessay : la métamorphose » : ainsi titrait naguère un magazine spécialisé. Evolution plutôt, comme en ont connu certains sopranos légers comme Lucia Popp, Edita Gruberova ou Renata Scotto. Cela dit, si Natalie Dessay brillait par des suraigus d’une précision impressionnante, son médium n’a jamais sonné creux. Il est aujourd’hui plus plein, plus charnu, plus rond, au prix d’un rétrécissement de l’aigu, moins facile désormais ; elle peut donc aborder sans crainte des emplois de soprano lyrique. La question de la voix semblant réglée, reste celle du répertoire, que pose ce récital d’opéras italiens, qui révèle ses atouts et ses faiblesses. L’homogénéité de la voix, la sûreté de la technique, dont la maîtrise des nuances et de la vocalisation, la beauté de la ligne, constituent de grands atouts.

Rien à dire, de ce point de vue, de « E strano ! » - où Roberto Alagna lui donne la réplique -, sinon que l’articulation s’entache de quelques maniérismes, qu’elle n’arrive pas à trouver des couleurs – dont les nuances ne peuvent tenir lieu – et qu’elle interprète Violetta plus comme un ancien soprano léger que comme un soprano lyrique, avec une espèce de précaution qui a peu à voir avec le personnage. On n’est guère plus convaincu par son Elvira des Puritains, handicapée par la frilosité de l’interprétation, qu’aggrave la lenteur du tempo: là aussi il faudrait beaucoup plus de couleurs, élément essentiel du bel canto, pour restituer la poésie lunaire de l’élégiaque bellinien ; bref, on ne sent pas un personnage. Ces défauts deviennent rédhibitoires dans Maria Stuarda, dont Natalie Dessay n’a certainement pas le format – la créatrice du rôle chantait Anna et Norma - et où l’on attend en vain une reine.

Elle n’a, sauf erreur, chanté aucun de ces trois rôles à la scène. A-t-elle besoin des planches ? La scène de folie de Lucia, captée au Met le 24 septembre 2007, donne la réponse. Natalie Dessay a fait sienne l’héroïne de Donizetti, qu’elle « incarne » peut-être plus que toute autre. Plus sobre dans son jeu que dans la mise en scène d’Andrei Serban, elle nous conquiert par la sincérité de son engagement, sa pénétration subtile de la folie romantique et on passe sur quelques aigus un peu bas, tout en se disant qu’on la préfère malgré tout, parce qu’elle reste très française d’école, dans Lucie que dans Lucia. La comparaison avec la même scène, proposée à la fin du CD, est éloquente : la version vidéo convainc beaucoup plus Il est vrai que la chanteuse bénéficie du soutien de James Levine, autrement engagé et imaginatif que le philologique mais froid Evelino Pidò – et l’on préfère, en l’espèce, l’Orchestre du Met aux instruments anciens du Concerto Köln.

Restent Giulietta et Gilda, pas davantage chantées sur une scène. Natalie Dessay y semble plus en situation, restituant sans mièvrerie, d’une voix parfois presque sensuelle, la fraîcheur des deux héroïnes, qu’il s’agisse du rêve éveillé de Gilda ou du cauchemar de Juliette contrainte au mariage. Mais l’une et l’autre paraissent interchangeables, comme si elle chantait, là encore, sans vraiment composer un personnage.

On peut donc s’interroger sur la vocation belcantiste de Natalie Dessay. Mais nous écoutons un récital : ce n’est peut-être pas ce qui convient le mieux à une chanteuse allant toujours au-delà du chant pour s’identifier à des destins.


Didier van Moere

 

 

 

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