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Non est disputandum

La Roque
Parc du château de Florans
07/28/2014 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 3, opus 37
Antonín Dvorák : Symphonie n° 8, opus 88, B. 163

Leif Ove Andsnes (piano)
Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Kazuki Yamada (direction)


K. Yamada, L. O. Andsnes (© Christophe Grémiot)


Même orchestre et même chef que la veille, mais Leif Ove Andsnes a attiré au parc du château de Florans un peu moins de monde que la ronflante triplette de solistes russes. C’est ainsi: quand il s’agit du public, de gustibus non est disputandum.


Le pianiste norvégien a entrepris depuis plusieurs années un «Beethoven Journey»: passant par La Roque d’Anthéron, il a choisi le Troisième Concerto (1802), qu’il a récemment enregistré à la tête de l’Orchestre de chambre Mahler (Sony). Se fondant sur une technique d’une solidité et d’une précision rares, il privilégie une ligne claire, quasiment dépourvue de fioritures, presque froide et objective, si elle n’était agrémentée d’un jeu subtil, au toucher d’une grande variété, et enrichie de menues inflexions. Si l’on ne peut sans doute la qualifier de maniérée, l’interprétation, volontiers lisse et à chaque instant maîtrisée, en deviendrait narcissique par son apparent refus de la spontanéité, voire de l’expression, et par ses coups de projecteur sur certains détails de la partition, même si elle offre de nombreux moments forts, comme la cadence du premier mouvement, où le pianiste, comme enfin libéré, conclut sur des trilles d’un blême glaçant.


Il manifeste le souci constant de ne pas dominer l’accompagnement, sinon de dialoguer réellement avec l’orchestre que Kazuki Yamada dirige avec un effectif plus réduit que la veille dans le Triple Concerto mais avec la même attention méticuleuse et les mêmes intentions un peu trop chargées. En bis, Andsnes annonce le Finale de la Vingt-troisième Sonate «Appassionata» (1805), qui suscite la même admiration et la même perplexité: sans précipitation, avec un soin vigilant porté à l’articulation et au phrasé, il impressionne par la perfection digitale et la clarté de la pensée, mais pour ceux qui les auraient désirés, les orages – pas plus ceux de Beethoven que de Châteaubriand – ne se seront jamais levés.


Dans la Huitième Symphonie (1889) de Dvorák, comme dans Debussy la veille, l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo ne brille guère par ses individualités mais fait preuve d’une belle discipline collective, d’autant que l’équilibre entre les pupitres paraît mieux assuré, peut-être à la faveur de l’accoutumance au lieu. Mais le plein air, c’est aussi l’aléa météorologique: quelques gouttes commencent à tomber au milieu du premier mouvement et s’intensifient suffisamment pour que les organisateurs commencent la distribution des traditionnels ponchos imperméables transparents alors même que le deuxième mouvement a débuté. Précaution inutile – la pluie, heureusement, ne tarde pas à s’arrêter – mais bruyante, entre les pas des personnels du festival dans les gradins, les commentaires divers et le crissement des emballages plastiques.


Yamada confirme son talent à réaliser des séquences isolées davantage qu’à les enchaîner de manière cohérente et convaincante, mais aussi sa tendance à surjouer les contrastes de tempi et de nuances dynamiques: le rapide se précipite, le lent traîne, le fortissimo tonitrue et le pianissimo est à peine perceptible. Excessivement extérieur et spectaculaire, bruyant et brutal plus que robuste, il demeure hélas le plus souvent hors sujet: la Huitième précède certes la Symphonie «Du nouveau monde», mais ce n’est pas une raison pour emmener Dvorák à Hollywood contre son gré, même si les spectateurs ont visiblement été heureux du voyage. Non est disputandum...


Le site de Leif Ove Andsnes



Simon Corley

 

 

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