About us / Contact

The Classical Music Network

Colmar

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Colmar en version intime

Colmar
Koïfus, salle Roesselmann
07/04/2014 -  
Henri Duparc : L’Invitation au voyage – Lamento – Le Manoir de Rosemonde – Extase – Testament – Phidylé – Sérénade – La Vie antérieure
Nikolaï Medtner : Mélodies oubliées: «Canzona serenata» en fa mineur, opus 38 n° 6
Serge Rachmaninov : Six Mélodies, opus 4: «Oh non!, je t’en supplie» (n° 1), «Dans le silence de la nuit secrète» (n° 3) & «Ma belle, ne chante pas devant moi» (n° 4) – Quinze Mélodies, opus 26: «A nouveau, je suis seul» (n° 9) & «Christ est ressuscité» (n° 6) – Six Mélodies, opus 8: «Le Rêve» (n° 5) – Douze Mélodies, opus 14: «Elle est belle comme le jour» (n° 9), «La Petite Ile» (n° 2), «J’étais chez elle» (n° 4), «Dans mon âme» (n° 10), «Depuis longtemps, l’amour apporte peu de joies» (n° 3), «Tout le monde t’aime tant» (n° 6) & «Il est temps» (n° 12)

Laurent Naouri (baryton), Elena Filonova (piano)

Chapelle Saint-Pierre
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour violon et piano n° 40 en si bémol majeur, K. 454
César Franck : Sonate pour violon et piano en la majeur

Augustin Dumay (violon), Frank Braley (piano)


L. Naouri


Si le festival de Colmar célèbre cette année Evguéni Svetlanov et, corollaire induit, l’orchestre, le répertoire chambriste n’est pourtant pas absent de la programmation – tant s’en faut avec les salles de l’Ancienne Douane ou encore la chapelle Saint-Pierre, aux dimensions plus modestes et intimes. La première accueillait ainsi à la mi-journée du vendredi 4 un récital de Laurent Naouri qui s’ouvrait sur des mélodies de Duparc. Avec un français impeccable, le baryton français distille l’univers raffiné de ces pages inspirées par les plus grands poètes romantiques – de Baudelaire à Théophile Gautier. Dans le Lamento, la comparaison avec la page homonyme de Berlioz – dans Les Nuits d’été – s’avère intéressante et révélatrice d’un univers feutré, presque confiné – contrastant avec l’orchestration presque transparente de l’auteur des Troyens – rendu avec une chaleureuse densité par un souci d’expression remarquable, nonobstant une discrète fragilité quant à la tenue des notes, sans incidence notable sur la crédibilité affective de l’interprétation.


Après de telles tourbes, Elena Filonova, sensible accompagnatrice, se fait soliste le temps de la «Canzona serenata en fa mineur» de Medtner, tirée des Mélodies oubliées, que Svetlanov affectionnait particulièrement – et à l’écoute de l’inspiration mélodique de la partition, simple et généreuse, on ne peut que partager cette inclination que la pianiste russe sait faire partager. L’intermède offre alors une transition avec des mélodies de Rachmaninov. A rebours des étalages de virtuosité où se distingue ses pièces concertantes les plus célèbres, celui-ci esquisse ici des tableaux d’une sentimentalité sobre et touchante où affleure une sensibilité éminemment slave, exsudée sans afféterie. Nul n’est besoin de décrypter les paroles mot à mot pour ressentir l’atmosphère singulière de ces miniatures musicales, signe que la couleur des notes suffit à restituer celle du sens.



A. Dumay (© Elias)


En fin de journée, ce sont Augustin Dumay et Frank Braley qui se produisent en duo sur les planches de la chapelle Saint-Pierre. Sous les stucs baroques, la Sonate K. 454 de Mozart résonne avec fluidité et élégance, tout autant que celle de Franck. La souplesse aérienne de l’archet s’allie sans peine avec le toucher sans excès du pianiste français, même si le violoniste se laisse aller parfois à quelque cabotinage de satisfaction en fin de morceau, prompt à susciter les applaudissements plus que la perfection formelle – mais le concert n’est-il pas aussi théâtre de par sa nature performative? En bis, une Sicilienne attribuée à Maria Theresia von Paradies, une amie de Mozart, mais que l’on peut tout aussi bien soupçonner être un pastiche, finit de ravir l’auditoire par son innocence décomplexée. Les Quatuors Prazák et Schumann ou encore Grigory Sokolov, témoignent, parmi d’autres exemples, que les amateurs de solistes et de musique de chambre n’ont pas été oubliés par le festival de Colmar, lequel se veut résolument à la hauteur de sa réputation.


Le site d’Elena Filonova
Le site d’Augustin Dumay



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com