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Le Roi et Susan

Paris
Théâtre du Châtelet
06/13/2014 -  et 14, 15, 17, 18, 19*, 20, 21, 22, 24, 25, 26, 27, 28, 29 juin 2014
Richard Rodgers : The King and I
Lambert Wilson (Le Roi de Siam), Susan Graham/Christine Buffle (Anna Leonowens), Je Ni Kim (Tup Tim), Damian Thantrey (Lun Tha), Lisa Milne (Lady Thiang), Joe Sheridan (Captain Orton), Jean-Baptiste Phou (L’interprète), Akihiro Nishida (Le Karlahome), Benoît Nguyen Tat (Phra Alac), Robert Dauney (Sir Edward Ramsay)
Orchestre Pasdeloup, James Holmes (direction musicale)
Lee Blakeley (mise en scène), Jean-Marc Puissant (décors), Sue Blane (costumes), Peggy Hickey (chorégraphie), Rick Fisher (lumières)


(© Théâtre du Châtelet/Marie-Noëlle Robert)


Jean Luc Choplin, avec un des plus grands classiques du musical américain, Le Roi et moi, créé à New York sur Broadway en 1951, ajoute un perle de plus au collier qu’il tresse au Théâtre musical de Paris depuis dix ans qu’il en a été nommé directeur. Curieusement, la cinquième comédie musicale de Rodgers et Hammerstein, immortalisée par le film en technicolor et stereophonic sound de la 20th Century Fox en 1956 avec Yul Brynner et Deborah Kerr et à la longévité record au théâtre, n’a pas rempli comme le beaucoup plus confidentiel Steven Sondheim dont le Châtelet monte chaque année un musical avec le plus grand succès.


C’est précisément au metteur en scène des grandes réussites de Sondheim, Lee Blakeley, qu’on a fait appel pour monter une production tout à fait nouvelle et qui est déjà louée par plusieurs théâtres américains. A la fois somptueux et inabouti, ce spectacle gagnera peut être au cours de son histoire le rythme qui lui manquait à Paris. La pièce comporte certes quelques longueurs, un ou deux tunnels qui auraient pu être sacrifiés et des redites qui méritent le ciseau. Sans qu’il y ait de véritables ruptures de rythme, les changements de décors étant toujours ingénieux, il manque un certain liant entre les scènes Mais ce qui est réussi l’est franchement! Particulièrement les tableaux avec les enfants ou la très succulente pièce dans la pièce qu’est The Small House of Uncle Thomas, à la création confiée à Jerome Robbins et qui avait fait exploser le budget le plus faramineux qui fût à l’époque pour une comédie musicale. Les costumes sont tous magnifiques, à la réserve près de ceux portés par le personnage principal, Anna Leonowens, qui n’avantagent pas la silhouette de Susan Graham. Sue Blane et Jean Marc Puissant n’ont pas ménagé les étoffes, les couleurs et des accessoires comme un bouddha doré, un éléphant blanc géant et autres évocation de l’âge d’or du royaume de Siam tout à fait enchanteresses.


Musicalement, on nage dans le superlatif. Si la performance du mezzo-soprano américain Susan Graham ne surprend pas les habitués du Châtelet scène lyrique, il faut bien admettre qu’un tel luxe vocal est tout à fait inhabituel au musical. Lambert Wilson se tire avec beaucoup de panache du rôle du Roi et dans les rôles secondaires de Tuptim et Lady Thiang, la Coréenne Je Ni Kim (pensionnaire du CNIPAL) et l’Ecossaise Lisa Milne sont tout à fait convaincantes et vocalement remarquables. Mais encore plus surprenante est la performance de l’Orchestre Pasdeloup dirigé par James Holmes, véritable luxe sonore comparé à ce que l’on entend habituellement dans les deux bastions du musical que sont Londres et Broadway, qui proposent des fosses beaucoup plus déplumées. Somptueux aussi les enfants du chœur préparé par Stephen Betteridge, tous aussi bons chanteurs que comédiens. La chorégraphie de Peggy Hickey n’a pas visé à la reconstitution de l’originale de Jerome Robbins. C’est le point faible du spectacle, qui explique peut être la mollesse relative de son timing.


Prochain rendez-vous au Châtelet avec le musical fin novembre pour Un Américain à Paris de George et Ira Gershwin., mise en scène et chorégraphie de Christopher Wheeldon.



Olivier Brunel

 

 

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