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Rigoletto entre Violetta et Cio-Cio San

Rennes
Opéra
05/28/2014 -  et 30 mai et 1er, 3, 5 juin 2014
Giuseppe Verdi : Rigoletto
Luciano Botelho (Le duc de Mantoue), Victor Torres (Rigoletto), Marianne Lambert (Gilda), Anatoli Sivko (Sparafucile), Laura Brioli (Maddalena), Karine Ohanyan (Giovanna), Ugo Rabec (Le comte de Monterone), Philippe-Nicolas Martin (Marullo), Vincent Delhoume (Borsa), Jean-Vincent Blot (Le comte Ceprano), Sylvie Becdelièvre (La comtesse Ceprano), Brenda Poupard (Un page)
Chœur de l’Opéra de Rennes, Gildas Pungier (chef de chœur), Orchestre symphonique de Bretagne, Sascha Götzel (direction musicale)
Jean-Louis Grinda (mise en scène), Rudy Sabounghi (décors et costumes), Laurent Castaingt (lumières)


V. Torres, L. Botelho (© Laurent Guizard)


Cette fin de saison met résolument Verdi à l’honneur dans l’Ouest de la France, à en juger par un excellent Falstaff tourangeau tandis que l’Opéra de Rennes importe le Rigoletto réglé par Jean-Louis Grinda pour Monte-Carlo. Sur un plateau fortement investi dans la partie la plus proche de la salle, le duc de Mantoue embrasse ses enfants au lever du rideau – à n’en pas douter ses frasques ne flattent guère la régularité conjugale, qui en les parant du masque en appuie l’aspect bourgeois –, avant de revêtir son déguisement libertin et rejoindre ses compagnons dans une débauche aux accents cruels corroborés par ce resserrement de l’espace scénique – favorable au demeurant à l’acoustique. Ce sens du théâtre, pour être efficace plus que novateur, fait glisser la fête qui entretient quelque cousinage avec les cotillons sous lesquels succombe La Traviata vers le cabanon de fortune de Sparafucile, pilotis d’interstices aux réminiscences de Butterfly où se devinent de sombres manigances qui scelleront le destin d’une Gilda, mendiant richement vêtu d’un frac. L’artifice imprègne le drame jusque dans l’émotion.


C’est du moins la fille de Rigoletto qui monte sur la première marche du podium verdien: Marianne Lambert l’oriente brillamment vers la légèreté virtuose, avec un aigu doué d’une identité plus marqué que le bas du registre. Victor Torres rehausse par sa présence et sa composition dramatique un Rigoletto à la voix davantage discursive que lyrique. On a pu applaudir le duc campé par Luciano Botelho, qui conjugue sensibilité et versatilité de l’intonation. Celle d’Anatoli Sivko affirme une fragrance slave qui s’apparie avec la noirceur du personnage de Sparafucile, à défaut de l’habiter plus densément, tandis que Laura Brioli prête à Maddalena un vibrato large et métallique. Karine Ohanyan satisfait dans une Giovanna qui ne dérobe pas l’attention, à l’inverse du Monterone solide et bien en voix d’Ugo Rabec – prometteuse déjà, la blessure paternelle pourra cependant encore mûrir. Le trio de bambocheurs – Marullo, Borsa et Ceprano – forme un ensemble qui ne dépare nullement – respectivement Philippe-Nicolas Martin, Vincent Delhoume et Jean-Vincent Blot.


Mentionnons encore la comtesse convenable de Sylvie Beldelièvre et le Page juvénile de Brenda Poupard, ainsi que les louables efforts du Chœur de l’Opéra de Rennes pour atteindre la connivence avec la partition. Celle que Sasha Goetzel entretient avec elle essaie de tirer parti des textures de l’Orchestre de Bretagne pour les alléger dans une dynamique belcantiste, quoique le grain sonore, d’une densité et d’une précision à la constance parfois discutable, ne suit pas toujours les intentions d’efficacité dramatique du chef.



Gilles Charlassier

 

 

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