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L’orgue, c’est cool!

Geneva
Victoria Hall
06/01/2014 -  
Terry Riley: Concerto pour orgue «At the Royal Majestic»
Igor Stravinsky: L’Oiseau de feu: Suite

Cameron Carpenter (orgue)
Orchestre de la Suisse romande, Diego Matheuz (direction)


C. Carpenter (© Michael Hart)


A l’exception d’une matinée Steve Reich au BFM et de quelques très rares exécutions d’œuvres de John Adams (dont l’Harmonielehre sera donnée la saison prochaine), la musique américaine contemporaine minimaliste a très peu figuré aux programmes de l’Orchestre de la Suisse romande ces dernières années. Il faut donc féliciter l’OSR d’avoir co-commandé à Terry Riley ce Concerto pour orgue et de l’avoir confié au très talentueux Cameron Carpenter, enfant terrible de l’orgue dont la coiffure iroquoise ne saurait masquer un talent et une originalité très réelles ainsi que d’avoir à cette occasion fait venir Diego Matheuz, ancien assistant de Gustavo Dudamel et de Claudio Abbado.


S’il y a un reproche que l’on ne peut formuler aux compositeurs minimalistes, c’est de manquer d’ambition et d’écrire des ouvrages concis. Ce concerto, sous-titré «At the Royal Majestic», qui évoque les vieilles salles de cinéma et s’inspire du style du peintre suisse Adolf Wölfli, dure une bonne quarantaine de minutes. Riley y mélange musique de jazz, des passages répétitifs du pur style minimaliste et d’autres plus polyphoniques proches du style d’un Charles Ives. Ce sont des derniers qui sont les plus réussis et les plus originaux. Le compositeur californien est beaucoup plus éloquent dans ses passages lents qui sont empreints d’une atmosphère prenante que dans ceux plus virtuoses qui souffrent d’un manque de développement et peut-être aussi d’une certaine originalité. Le grand crescendo qui clôt le premier mouvement («Negro Hall») ne convainc pas vraiment et voir les musiciens jouer ce passage avec une certaine raideur bien romande n’aide pas vraiment. Le dernier mouvement («Circling Kailash») est quant à lui bien long. Le travail des musiciens est sans reproche et cette exécution, donnée après plusieurs représentations, montre la qualité du travail réalisé: mise en place impeccable et surtout équilibre entre tous les pupitres et avec l’instrument soliste. Cameron Carpenter montre à quel point l’orgue est un instrument riche et capable d’une grande palette de nuances. Mais en fin de compte, on peut se demander si cette œuvre ne sera pas autre chose qu’une curiosité et elle donne surtout envie de réentendre l’organiste américain dans un programme en soliste.


En seconde partie, l’OSR jouait la Suite de L’Oiseau de feu qui a été créée par ce même orchestre dans ces mêmes lieux par Ernest Ansermet, grand ami d’Igor Stravinsky. Cette superbe Suite permet de montrer les qualités du jeune chef vénézuélien. La clarté de sa battue et sa vigueur rythmique donnent beaucoup de relief à la musique. Les équilibres sont soignés, en particulier le balancement des cordes dans la sublime «Berceuse». S’il serait possible de demander un peu plus de poésie et d’abandon par moments, le niveau instrumental est très bon et l’ensemble très convaincant. Enfin, ce qui surprend le plus dans ce jeune chef d’une trentaine d’années est de retrouver à plus d’un instant une gestique qui évoque celle de Claudio Abbado, clarté de la battue à la main droite et une certaine capacité à laisser la main gauche guider le phrasé.


L’OSR continuera à ne pas jouer la facilité et poursuivra son exploration des créations contemporaines et jouera la semaine prochaine la première exécution suisse d’Emergences de Michael Jarrell.


Vidéo du concert du 28 mai (incluant également des œuvres de Tchaïkovski et Rimski-Korsakov)



Antoine Leboyer

 

 

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