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Un dimanche après-midi au cirque

Bruxelles
La Monnaie
05/08/2014 -  et 9, 10, 11*, 13, 14, 16, 17, 18, 20, 21, 22, 23 mai 2014
Giuseppe Verdi: Rigoletto
Arturo Chacón-Cruz*/Dmytro Popov (Il Duca di Mantova), Dimitri Platanias/Dimitris Tiliakos* (Rigoletto), Simona Saturová/Anne-Catherine Gillet* (Gilda), Ain Anger*/Konstantin Gorny (Sparafucile), Sara Fulgoni (Maddalena), Carole Wilson (Giovanna), Carlo Cigni (Il Conte di Monterone), Jean-Luc Ballestra (Marullo), Roberto Covatta (Matteo Borsa), Laurent Kubla (Il Conte di Ceprano), Yvette Bonner (La Contessa di Ceprano, Paggio), Gerard Lavalle (Usciere di Corte)
Chœur d’hommes de la Monnaie, Martino Faggiani (chef du chœur), Orchestre symphonique de la Monnaie, Carlo Rizzi*/Samuel Jean (direction)
Robert Carsen (mise en scène, éclairages), Radu Boruzescu (décors), Miruna Boruzescu (costumes), Peter Van Praet (éclairages), Philippe Giraudeau (chorégraphie)




La malédiction ne s’abat pas uniquement sur Rigoletto. Le programme informe le public du décès, survenu le mois dernier, de Miruna Boruzescu, qui a dessiné les costumes de cette production. Moins grave : trois chanteurs, dont deux distribués dans le rôle-titre et dans celui du Duc de Mantoue, ont dû annuler leur participation à cette reprise pour des raisons de santé.


Par conséquent, deux Grecs interprètent le bouffon en alternance. Dimitris Tiliakos, qui partage le rôle avec Dimitri Platanias, ressent intimement la nature de Rigoletto. Le personnage suscite de l’empathie grâce à la pertinence et à la rigueur de l’incarnation du baryton, qui exploite judicieusement un timbre de qualité supérieur, contrôle la netteté de l’émission, mesure la puissance de sa voix, ajuste le phrasé. Développant sa carrière avec intelligence, Anne-Catherine Gillet ajoute Gilda à son répertoire au bon moment. Dans la plénitude de ses moyens, elle s’identifie étroitement à cette jeune fille tendre et résolue à qui elle prête son timbre ravissant. La voix, peu puissante, mais ferme et agile, permet à la soprano belge de triompher de «Caro nome», qu’elle chante en privilégiant la retenue et la délicatesse sur les assauts de virtuosité.



D. Platanias, A.-C. Gillet (© Bernd Uhlig)


Arturo Chacón-Cruz, qui, au détour d’un effeuillage, dévoile ses fesses dodues, convainc, sur le plan théâtral du moins, en Duc de Mantoue, coureur de jupons au charme latin tellement irrésistible qu’il en devient presque sympathique. Le ténor mexicain possède un timbre relativement séduisant mais la voix, ni chétive ni vigoureuse, ne s’ouvre pas naturellement dans l’aigu, qui sonne mat. Celle d’Ain Anger, sombre, caverneuse, inquiétante, tombe droit : le Sparafucile par excellence. Le reste de la distribution se distingue dans les rôles secondaires, en particulier Sara Fulgoni, Carole Wilson et Carlo Cigni, respectivement Maddalena, Giovanna et Comte Monterone. Malgré quelques accrocs sans gravité, la discipline règne dans les rangs de l’orchestre, notamment parmi les cordes, malléables et régulières. La direction compétente Carlo Rizzi épouse vigoureusement le drame sans rupture ni baisse de tension. Scrupuleusement préparé, comme d’habitude, par Martino Faggiani, le chœur livre une prestation estimable.


Robert Carsen imagine Rigoletto en clown. L’action se déroule par conséquent dans un chapiteau de cirque dans lequel des escort girls remplacent les fauves. Il fallait bien qu’un metteur en scène développe cette idée un jour. Le Canadien se montre en tout cas fidèle au climat sinistre et délétère de l’œuvre mais il lui apporte en même temps une touche de poésie bienvenue lorsque Gilda chante «Caro nome» suspendue sur un trapèze sous un ciel étoilé et quand elle expire sous une acrobate dénudée suspendue par une bande de tissu. La direction d’acteur ne souffre d’aucun reproche. Comme un assistant, en l’occurrence Christophe Gayral, se charge de cette reprise, Robert Carsen s’est-il déplacé jusque Bruxelles pour les répétitions ? En tout cas, le spectacle, cohérent, se hisse à la hauteur de la réputation de la Monnaie, bien qu’il se positionne plus en retrait par rapport aux autres représentés depuis le début de la saison. Créée au Festival d’Aix-en-Provence l’été dernier puis reprise à l’Opéra national du Rhin en décembre, cette production figurera à l’affiche du Grand Théâtre de Genève du 3 au 16 septembre.



Sébastien Foucart

 

 

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