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Daniel Harding et l’Orchestre de Paris : un retour très straussien

Paris
Salle Pleyel
05/07/2014 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Musique funèbre maçonnique en ut mineur, K. 477
Gustav Mahler : Kindertotenlieder
Richard Strauss : Ein Heldenleben, opus 40

Christianne Stotijn (mezzo-soprano)
Orchestre de Paris, Daniel Harding (direction)


D. Harding (© Julian Hargreaves)


C’était en 1997 : à vingt-deux ans, Daniel Harding dirigeait l’Orchestre de Paris, dans Le Soir de Haydn et les Métamorphoses de Strauss. L’époque où le jeune loup, à la direction bousculée, se voulait iconoclaste. Dix-sept ans plus tard, les choses ont bien changé, même s’il se range toujours parmi les « modernes » plutôt que parmi les héritiers.


On doit en tout cas attendre la seconde partie du concert pour apprécier vraiment ses qualités. Certes l’enchaînement de la Musique funèbre maçonnique et des Kindertotenlieder de Mahler, au début, se fait plus naturellement qu’on l’aurait cru : les deux partitions sont inspirées par la mort et les bois y jouent un rôle prépondérant. Mais celle de Mozart pâtit d’une direction sèche, sans parler des décalages au sein même des pupitres.


Cette sécheresse contamine ensuite l’œuvre de Mahler : si le refus de l’épanchement ajoute à la désolation, si la clarté radiographique de la lecture met à nu la polyphonie, cette musique de deuil semble étrangement inhabitée, pâtissant de surcroît d’un éventail dynamique trop limité. Ce manque de nuances nuit beaucoup à la voix de Christianne Stotijn, dont la Brangaine avait, aux Champs-Elysées, révélé les faiblesses, assez rédhibitoires pour un mezzo : un médium et un grave sans consistance. Il faut atteindre le haut médium pour que le timbre prenne chair et révèle une certaine chaleur, ce dont s’accommodent mal les Kindertotenlieder, l’intimisme de l’interprétation confinant ici à la neutralité. On a l’impression que ni le chef ni la soliste n’osent vraiment pénétrer dans l’œuvre.


Rien de tel, heureusement, avec Une vie de héros. On admire d’abord la maîtrise de la direction, à laquelle rien n’échappe : l’énorme masse sonne clair, jusqu’au tonitruant « Champ de bataille du héros ». L’interprétation est aussi très construite, formant un grand arc à la progression continue, très équilibré dans ses tempos. Daniel Harding s’attache d’ailleurs plus à la structure qu’à la narration, au rebours d’une certaine tradition. Cela n’émousse pas pour autant l’énergie conquérante, souvent euphorique d’une baguette toujours souple qui, pour le coup, trouve un juste dosage des plans sonores et laisse se déployer les grandes phrases straussiennes, notamment à la fin. Et le refus de l’opulence hédoniste, un des traits caractéristiques du chef, ne vire jamais à la sécheresse. L’orchestre fait sienne la virtuosité straussienne, comme le violon de Roland Daugareil, lyrique ou malicieux – pas de Vie de héros digne de ce nom sans violon solo.


Le site de Daniel Harding
Le site de Christianne Stotijn



Didier van Moere

 

 

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