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J’y étais!

Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
04/24/2014 -  
Ludwig van Beethoven : Egmont, opus 84: Ouverture – Concerto pour piano n° 1, opus 15
Antonín Dvorák : Symphonie n° 8, opus 88, B. 163

Martha Argerich (piano)
Chamber Orchestra of Europe, Emmanuel Krivine


D. Barenboim, M. Argerich (© Caroline Doutre)


Après une première édition, en 2013, dont les vingt concerts sont parvenus à réunir près de 14000 spectateurs, le deuxième festival de Pâques d’Aix-en-Provence affiche toujours plus haut ses ambitions, et ce sont de nombreux instrumentistes, chefs et formations de prestige qu’est parvenu à engager une nouvelle fois Renaud Capuçon, directeur artistique de la manifestation provençale. Ainsi, après des artistes tels que Gustavo Dudamel, Yo-Yo Ma, Yannick Nézet-Séguin, Nicholas Angelich, Myung-Whun Chung, c’est au tour de la grande Martha Argerich de venir se produire sur la scène du Grand-Théâtre de Provence ce soir.


En effet, après s’être échauffé avec l’Ouverture d’Egmont de Beethoven, l’excellent Orchestre de chambre d’Europe, dirigé par le non moins excellent chef français Emmanuel Krivine, accueille cette grande dame du piano pour une exécution du Premier Concerto de Beethoven. Aussi imprévisible que généreuse, la lionne argentine est devenue, depuis ses débuts aux concours de Bolzano et Genève à la fin des années 1950, une véritable légende. L’une des très rares artistes «classiques» vivantes à avoir de si fervents admirateurs à travers le monde: une diva du piano. Clarté, brio et humour sont les qualificatifs qui semblent le mieux convenir à son interprétation. L’Allegro initial est abordé avec urgence, comme l’annoncent des gammes un peu bousculées. Elle se montre particulièrement à l’écoute de ses partenaires, le plaisir de jouer ensemble se ressentant de façon très vive pendant tout le concert. Le Largo qui suit est recueilli à souhait. Argerich y est magnifiquement accompagnée par Krivine, et elle sait parfois se contenter du second rôle pour accompagner les solistes de l’orchestre. Belle atmosphère, presque chambriste donc, qui offre à l’oreille un magnifique dialogue entre le piano et les vents. Le Finale est plus insouciant, danse effrénée emportant tout sur son pas. Réclamant un bis, le public va être comblé au-delà de ses espérances en voyant Argerich ramener avec elle son célèbre confrère et compatriote Daniel Barenboim – venu entendre jouer son violoniste de fils deux jours plus tôt ici-même – pour un bis à quatre mains. Après un délire collectif sans nom, place à la musique avec le Rondo en la majeur de Schubert, délivré avec une délicatesse et une tendresse aussi bouleversantes qu’infinies. C’est un légitime – et bienvenu – silence qui fait écho au morceau, avant que le public ne sorte de sa rêverie et fasse un triomphe à tout rompre à ces deux monstres sacrés.


Après l’entracte – et une nouvelle salve d’applaudissements pour les deux géants du piano venus s’installer dans la salle – Krivine offre une époustouflante Huitième Symphonie de Dvorák. Porté par une réelle ferveur et une jubilation communicative de la part des musiciens, il délivre une lecture toute de légèreté et de luminosité. Comment résister au naturel, à l’énergie et à la chaleur qui se dégagent de cette interprétation magistrale? L’emballement de la fin de l’Allegro ma non troppo, parfaitement maîtrisé par un orchestre capable ici de la plus grande délicatesse comme des plus tonitruants fortissimi, produit un effet absolument irrésistible de puissance souple subitement déchaînée – et provoque un nouvel enthousiasme parmi le public.

Une soirée mémorable, de celle où l’on est fier de dire: «J’y étais!».



Emmanuel Andrieu

 

 

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