Back
Entre tradition et renouvellement Paris Théâtre du Châtelet 01/13/2001 - et 14, 16, 17*, 20, 21 janvier 2001 Adolphe Adam : Giselle Sylvie Guillem (Giselle), Kare Länsivuori (Albrecht), Sampo Kivela (Hilarion), Jessica Kellgren (Bathilde), Kimmo Sandell (La Prince de Courlande), Susanna Vironmäki (Bertha) Ballet National de Finlande Orchestre Colonne, David Garforth (direction) Sylvie Guillem (chorégraphie)
La volonté affirmée haut et fort par Sylvie Guillem de dépoussiérer et de débarrasser Giselle des conventions est louable et nécessaire mais son projet reste en partie inabouti. Notre chorégraphe-danseuse se limite en effet aux parties dansées établies par la dramaturgie d’origine sans s’attaquer à l’ensemble de la narration du ballet. Par exemple, le premier affrontement entre Hilarion et le duc Albrecht (les deux soupirants de Giselle) ne donne lieu à aucun geste chorégraphique mais seulement à du cinéma muet. Aucun mouvement dansé non plus lors de l’arrivée de la partie de chasse au village. Ceci dit, Sylvie Guillem apporte fraîcheur, simplicité et évidence aux scènes villageoises et sa caractérisation de la folie à la fin du premier acte se révèle captivante et très crédible, narrative et chorégraphique à la fois. L’onirique second acte des Wilis (ces jeunes filles amoureuses de la danse, trahie par les hommes et mortes avant leur mariage, qui reviennent la nuit hanter la forêt) fonctionne par contre beaucoup mieux et réserve de superbes images, ensembles et mouvements. Cependant, le travail d’un John Neumeier sur les grands ballets classiques (notamment Sylvia, au répertoire de Garnier) s’avère nettement plus convaincant en ce qu’il renouvelle complètement le langage sans trahir la tradition. Mais c’est surtout la personnalité de Sylvie Guillem, sa technique parfaite, sa grâce naturelle et son formidable talent d’actrice, qui irradient cette soirée exceptionnelle. La chorégraphe, déjà très talentueuse, doit faire preuve de plus d’audace pour marquer définitivement les esprits.
Philippe Herlin
|