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Grandioses Momente

Paris
Cité de la musique
03/25/2014 -  et 20 (Monte-Carlo), 22 (Köln) mars 2014
Karlheinz Stockhausen : Momente («Europa-Version» 1972)
Julia Bauer (soprano)
WDR Rundfunkchor Köln, Ensemble intercontemporain, Peter Eötvös (direction), Thierry Coduys (projection du son)


P. Eötvös (© Kálmán Garas )


Goût de la grandeur, conception démiurgique de l’artiste, création d’un langage nouveau, maîtrise absolue de la forme, art de la virtuosité orchestrale... tout cela rapproche Wagner et Stockhausen, justifiant le cycle organisé par la Cité de la musique.


Partition puissante, Momente, dont on entend ici la troisième version, de 1972, est devenu un classique du vingtième siècle. Le Momentform, pour Stokhausen, relève à la fois du temps et de la structure, entité autonome et partie d’un tout. La mélodie, le timbre ou le son, parfois associés, constituent le fondement d’un Moment. Les Momente sont ainsi définis par des lettes, isolées ou combinées : « M » (Melodie) pour la mélodie, « K » (Klang) pour le son, « D » (Dauer) pour la durée. Les interludes, eux, réintègrent dans la musique ce qui relève de sa perception : toux, applaudissements... La barrière entre le public et les musiciens, du coup, disparaît.


Momente nécessite un effectif atypique : un soprano, quatre chœurs mixtes à douze voix, un ensemble instrumental réduit regroupant des cuivres, deux orgues électroniques et des percussions. L’écriture vocale et chorale est sans doute l’élément le plus nouveau : Stockhausen y exploite toutes les possibilités de la voix, exigeant de la soliste et du chœur une éblouissante virtuosité pour passer du cri au murmure. Les textes, eux, viennent de Blake, de l’ethnologue Bronislaw Malinowski, mais surtout de passages très érotiques du Cantique des cantiques dans la traduction de Marin Luther.


L’œuvre n’avait pas été donnée à Paris depuis 1998, à la Cité de la musique, avec le compositeur à la console. Pendant deux heures, elle fascine toujours autant, exerçant une sorte d’envoûtement, même si la première partie a parfois semblé un peu longue. Peter Eötvös, qui a travaillé avec Stockhausen, était naturellement l’homme de la situation : il récupère avec une incroyable aisance le geste démiurgique du créateur. Sidérante Julia Bauer en soliste – un soprano léger alors qu’une Martina Arroyo, qui assura les deux premières, était une Aïda. Mais plus encore que l’Ensemble intercontemporain, c’est sans doute le Chœur de la Radio de Cologne, créateur des trois versions, déjà à la Cité en 1998, qui frappe le plus l’esprit, par sa maîtrise impressionnante d’une partie redoutable entre toutes. On se gardera d’oublier Thierry Coduys pour la projection du son, si importante chez Stockhausen et dans Momente.



Didier van Moere

 

 

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