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Tours d’écrou

Tours
Grand Théâtre
03/14/2014 -  et 16, 18* mars 2014
Benjamin Britten : The Turn of the Screw, opus 54
Isabelle Cals (La Gouvernante), Hanna Schaer (Mrs Grose), Cécile Perrin (Miss Jessel), Jean-Francis Monvoisin (Narrateur, Peter Quint), Louise Van der Mee (Flora), Samuel Mallet (Miles)
Chœurs de l’Opéra de Tours, Emmanuel Trenque (direction des chœurs), Orchestre symphonique Région Centre-Tours, Ariane Matiakh (direction musicale)
Dominique Pitoiset (mise en scène et scénographie), Stéphane Taylor (assistant mise en scène), Christophe Pitoiset (lumières), Nathalie Prats (costumes)


(© François Berthon)


Injustement négligé par les programmateurs français pendant les célébrations du centenaire de sa naissance, Britten n’est pourtant nullement boudé par le public, à en juger par l’excellent remplissage de la salle pour cette reprise à l’Opéra de Tours d’un Tour d’écrou importé de Bordeaux, où la production avait été créée en 2008 avant d’être reprise à Rennes en 2012. Dominique Pitoiset a choisi de situer l’intrigue inspirée par la nouvelle de Henry James dans un décor unique divisé par une vaste baie vitrée sur laquelle s’écrasent fantasmes et fantômes de cette histoire minée par l’ambiguïté. L’univers tangible de la gouvernante où arrive Mrs Grose se limite à la partie avant de la scène, tandis que de l’arrière proviennent les mânes de Quint et Miss Jessel auxquels succombent Flora et Miles. Nul besoin alors d’expliciter la nature éventuellement pédophile de l’envoûtement, la scénographie, au diapason de l’inspiration du compositeur britannique, tire le propos de l’anecdote sociale vers un fantastique aussi poétique qu’universel explorant les marges de l’interdit où Miles paie de sa vie même la trahison du secret d’une perversité, authentique victime sacrificielle de la vérité.


Sobre et efficace, la mise en scène sert d’écrin à un beau plateau vocal. Gouvernante à l’expérience audible dans le timbre, Isabelle Cals incarne remarquablement ce caractère marqué par les habitudes et les convenances. Hanna Schaer affirme d’un bout à l’autre de la soirée une Mrs Grose inquiète et nuancée, et ne se laisse aucunement intimider par l’ampleur du rôle face à laquelle la voix ne montre point de signe de faiblesse et une tenue qu’on ne lui connaissait plus. Narrateur jouant d’une distance discrète puis Peter Quint retors et sournois, Jean-Francis Monvoisin déploie un ténor incisif, aux côtés duquel Cécile Perrin ne dépare point en Miss Jessel nourrie, exhalant les miasmes de son personnage, formant alors un redoutable couple avec son comparse. Clairs mais sans l’excès d’immaturité où on les distribue parfois, Miles et Flora se glissent avec naturel et simplicité dans les cordes de Samuel Mallet et Louise Van der Mee – on retiendra bien entendu la fatale mélodie du petit garçon exsudée ici avec une belle et touchante économie. Préparés par Emmanuel Trenque, les chœurs de la maison accomplissent un travail estimable, tandis qu’à la tête de l’Orchestre symphonique Région Centre-Tours, Ariane Matiakh en réalise un qui ne l’est pas moins, équilibrant avec finesse l’allure chambriste de la partition et les couleurs de celles-ci qu’assument remarquablement les instrumentistes de la fosse, et particulièrement les bois qui concourent sensiblement à l’étrange et magnétique atmosphère de l’ouvrage.



Gilles Charlassier

 

 

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