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Folie hongroise

Monaco
Monte-Carlo (Auditorium Rainier III)
03/15/2014 -  
György Ligeti : Poème symphonique pour 100 métronomes – Continuum – Hungarian Rock
Peter Eötvös : zeroPoints – Cello Concerto Grosso, pour violoncelle et orchestre
György Kurtág : Nouveaux Messages, opus 34a
Zoltán Kodály : Háry János (Suite)
Musique traditionnelle hongroise

Eric-Maria Couturier (violoncelle), Martin Tembremande (clavecin), Etudiants de la Villa Arson, Ensemble Zengö
Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Peter Eötvös (direction)


P. Eötvös (© Alain Hanel)


La Côte d’Azur ayant toujours une saison d’avance, l’été des festivals s’ouvre chaque année sur le Printemps des Arts de Monte-Carlo, qui s’impose désormais comme un rendez-vous incontournable et célèbre cette année son trentième anniversaire. Outre un portrait de Haydn et Scriabine et treize créations de trois minutes disséminés au fil des cinq week-ends, Marc Monnet, le directeur artistique, a choisi de jalonner cette édition anniversaire de soirées thématiques, à l’instar la Hongrie sous les cieux de laquelle est placé le premier samedi.


Les agapes s’ouvrent avec un accueil musical dans le hall de l’Auditorium Rainier III sous le signe de Ligeti, l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle dont peut s’honorer la nation magyare, et dont l’inventivité et le métier se vérifient dans l’hypnotique Poème symphonique pour 100 métronomes, ballet de boîtes à rythme d’une vingtaine de minutes s’épuisant progressivement jusqu’au silence: à l’aide d’un dispositif électroacoustique, les étudiants de la Villa Arson ont amplifié la fascination mécanique au risque d’en noyer un peu la précision. A l’étage, Martin Tembremande essaie de faire entendre dans des lieux peu favorables au clavecin la virtuosité du Continuum et du Hungarian Rock.


A la tête de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Peter Eötvos entame le plat de résistance avec deux de ses propres opus. Avec le premier, zeroPoints, il rend un hommage évident à Pierre Boulez – l’œuvre lui avait d’ailleurs été dédiée pour son soixante-quinzième anniversaire – dans cette subtile synthèse entre rigueur intellectuelle et science de l’orchestre. La seconde, reprenant un schéma tripartite léguée par la tradition, s’inscrit dans l’héritage de Bartók et Ligeti – maîtrise des rythmes et des jeux, échos de danses populaires et effets percussifs aux cordes. Eric-Maria Couturier livre une lecture aboutie de cette partition créé par Miklós Perényi avec le Philharmonique de Berlin, sous la direction du compositeur dont la battue témoigne aujourd’hui d’une maturation gagnée au fil des performances.


La seconde partie du concert remonte d’une génération et fait entendre la très belle écriture intimiste des Nouveaux Messages de Kurtág structurés en miroir autour de la nocturne pièce «Les Adieux», «à la manière de Janácek», baignée du halo presqu’irréel du souvenir par l’emploi de sourdines de métal feutrant délicatement les timbres. Les doubles d’«Ombres» et «Merran’s Dream» sonnent encore davantage assourdi par les pas de la mémoire que leurs avatars princeps. Retenant comme une épure de la Klangfarbenmelodie, le cycle en sept brefs morceaux fait sonner l’orchestre comme l’émouvante confidence à des disparus à laquelle ne répond que le silence qui l’enveloppe, et Peter Eötvos en soigne remarquablement les couleurs et la mesure expressive.


Le programme s’achève sur un retour nostalgique avec la suite que Kodály a tirée de son opéra Háry János. Le mélange d’humour et de tendresse qui la distingue résonne dans une «Horloge musicale de Vienne» suspendue aux vents et percussions – le mouvement ne fait pas appel aux cordes – tandis que l’évocation de la «Bataille et défaite de Napoléon» se dessine avec beaucoup de saveur et un sens de la caractérisation aussi innocent que naturel. Et comment résister au cymbalum dans l’«Intermezzo», irrésistible page à la sensibilité discrètement automnale justement célèbre et qui fait regretter l’absence de cet instrument traditionnel hongrois dans les effectifs normaux des plus grandes phalanges pour enrichir leur répertoire de bis. La soirée proposait ensuite un second concert avec l’Ensemble Zengö pour une musique folklorique à l’authenticité peut-être écornée par la modernité du microphone.



Gilles Charlassier

 

 

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