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Metz accorde une chance à Vanessa

Metz
Opéra-Théâtre
03/21/2014 -  et 23, 25 mars 2014
Samuel Barber: Vanessa, opus 32
Soula Parassidis (Vanessa), Mireille Lebel (Erika), Hélène Delavault (La Baronne), Jonathan Boyd (Anatol), Matthieu Lécroart (Le docteur), Jean-Sébastien Frantz (Nicholas), Anne Barthel (La gouvernante), Yvan Serouge (Le servant)
Chœur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, Nathalie Marmeuse (chef du chœur), Orchestre national de Lorraine, David T. Heusel (direction)
Bérénice Collet (mise en scène), Christophe Ouvrard (scénographie, costumes), Alexandre Ursini (lumières), Anne Minetti (chorégraphie)


(© Arnaud Hussenot/Metz Métropole)


Metz entretient-elle une relation particulière avec Vanessa (1958) ? Il y a quatorze ans, la préfecture mosellane a accueilli la première représentation en France de l’opéra de Barber. L’Opéra-Théâtre programme cette fois une coproduction créée au Théâtre Roger Barat d’Herblay en 2012. Le spectacle se déroule en présence d’un public peu nombreux ce vendredi : quel dommage pour cet ouvrage, certes pas novateur mais captivant et qui comporte deux figures féminines, Vanessa et Erika, valorisantes pour la soprano et la mezzo-soprano qui les interprètent. Le rôle de la Baronne, mère de Vanessa, est lui-aussi une aubaine pour une chanteuse au crépuscule de sa carrière. Sur un livret de Gian Carlo Menotti, Vanessa constitue le principal succès de Barber sur la scène lyrique mais il peine à s’imposer sur le continent européen – l’opéra suivant, Antoine et Cléopâtre, a encore moins de chance.


Bien que l’Orchestre national de Lorraine n’évolue pas en première division, David T. Heusel obtient de lui une performance satisfaisante pour apprécier la remarquable orchestration. Si les bois s’expriment délicatement, les cordes manquent d’étoffe et les cuivres accusent quelques approximations mais les musiciens déploient un lyrisme bon teint. En raison de ses dimensions réduites, la fosse ne permet pas d’héberger davantage d’exécutants. Quelle empreinte laisserait Vanessa dans un espace plus vaste, sachant que la création a eu lieu au Metropolitan Opera ? En contrepartie, le chef parvient sans difficulté apparente à ménager un excellent équilibre avec le plateau sur lequel évolue une distribution entraînée et soudée.


La différence d’âge ténue entre Soula Parassidis et Mireille Lebel, respectivement Vanessa et sa nièce, Erika, compromet un peu la crédibilité du drame. La soprano compose toutefois son personnage avec adresse et sensibilité, de même que sa partenaire, originaire, elle aussi, de Vancouver, qui possède une voix plus attrayante encore, à la fois ample, charnue et diaprée – une révélation. Hélène Delavault compose une baronne clouée dans une chaise roulante mais d’une présence éloquente, même lorsqu’elle se mure dans le silence. Dans le rôle d’Anatol, Jonathan Boyd attire l’attention sur lui, moins à cause de son jeu d’acteur, dépourvu de relief, que de sa voix, parée de séduction et projetée avec naturel. La palme de l’incarnation la plus attachante revient à Matthieu Lécroart qui habite le personnage du docteur avec à-propos et componction. Conduit par Nathalie Marmeuse, le Chœur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole ne revêt pas une importance primordiale.


La scénographie de Christophe Ouvrard évoque en toute simplicité la demeure dans laquelle se déroule le huis clos : des lustres, quelques fenêtres, deux miroirs, une lumière étudiée et des effets spéciaux pour représenter les chutes de neige suffisent à suggérer la haute extraction sociale de ces personnages esseulés et la période durant laquelle se noue le drame. La mise en scène humble et sensible de Bérénice Collet expose avec finesse le tourment de Vanessa, qui perçoit en Anatol l’homme qu’elle attend depuis vingt ans, et d’Erika, enceinte de lui mais qui renonce à sa grossesse. Défendu avec de modestes moyens, le spectacle ne présente pas une force de conviction insurpassable mais il rend justice un chef-d’œuvre qui mérite d’être représenté plus régulièrement.



Sébastien Foucart

 

 

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