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Dubois dont on fait un opéra

Tourcoing
Théâtre municipal Raymond Devos
03/14/2014 -  et 16*, 18 mars 2014
Théodore Dubois: Aben Hamet (orchestration de Jean-Claude Malgoire et Vincent Boyer)
Guillaume Andrieux (Aben Hamet), Ruth Rosique (Bianca), Hasnaa Bennani (Alfaïma), Nora Sourouzian (Zuléma), Marc Boucher (Le duc de Santa-Fé), Tayeb Benamara (danseur)
Ensemble vocal de l’Atelier lyrique de Tourcoing, La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire (direction)
Alita Baldi (mise en scène), Alain Lagarde (scénographie), Christine Rabot-Pinson (costumes), Enrico Bagnoli (lumières)


(Gallica/Bibliothèque nationale de France)


L’Atelier lyrique de Tourcoing s’aventure hors des sentiers battus : cette fois-ci, Jean-Claude Malgoire jette son dévolu sur Aben Hamet de Théodore Dubois (1837-1924). Le compositeur connait un regain d’intérêt (voir ici et ici) grâce, notamment, au Palazzetto Bru Zane, qui n’appose toutefois pas sa marque sur cette exhumation. Créé en 1884 au Théâtre Italien, cet opéra repose sur un livret de Léonce Détroyat et Achille de Lauzières d’après un roman de Châteaubriand, Les Aventures du dernier Abencérage, qui narre le destin du musulman Aben Hamet, épris de la catholique Bianca, fille du gouverneur de Grenade. La mère exhorte son fils à venger son père, Boabdil, dernier roi des Maures, mais, évidemment, cela finit mal pour lui.


Jean-Claude Malgoire a dirigé cet opéra oublié, pour la première fois en langue française, lors d’un concert au Canada en juin dernier, avec un orchestre, un chœur et une distribution différents. Le fondateur de La Grande Ecurie et la Chambre du Roy a dû en réaliser une orchestration, en collaboration avec Vincent Boyer, puisqu’il disposait seulement d’une réduction piano et chant fournie par l’arrière-petit-fils du compositeur. Dans l’entretien reproduit dans le programme, admirablement documenté et illustré, il évoque la perte probable du matériel d’orchestre. Il convient tout de même de se rendre à la Bibliothèque national de France qui possède un fonds tout récemment catalogué consacré à ce compositeur : la partition d’orchestre autographe existe mais dans quel état se trouve-t-elle ? L’orchestration ne convainc pas entièrement mais cette impression peut s’expliquer, du moins en partie, par la prestation de La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, placidement dirigée par son chef, qui restitue imparfaitement la transparence, le brillant et la délicatesse attendus dans ce répertoire : cordes mal nourries, bois peu évocateurs, cuivres guère éclatants. Le recours un peu trop systématique à un saxophone confère une couleur pas du tout vilaine à cette musique que les percussions parent d’une teinte légèrement orientalisante.



G. Andrieux, R. Rosique (© Danielle Pierre)


La distribution engrange quelques points. Guillaume Andrieux, qui possède une voix entre baryton et ténor, livre en Aben Hamet une performance honorable, de même que Ruth Rosique qui chante le rôle de sa bien-aimée Bianca en surveillant de près l’émission et le phrasé. Hasnaa Bennani, trop effacée en Alfaïma, la sœur adoptive du héros, ne déçoit pas sur le plan vocal, grâce à un timbre pur, tandis que Marc Boucher attire l’attention sur lui en duc de Santa-Fé – timbre de baryton profond, intonation minutieuse. Le fier mezzo de Nora Sourouzian convient parfaitement au personnage de Zuléma, mère d’Aben Hamet à laquelle la chanteuse confère une ardeur vindicative. Les personnages peinent toutefois à exister à cause de la mise en scène d’Alita Baldi, sommaire et maladroite, en particulier lors des entrées et sorties, et d’un jeu d’acteur peu persuasif. Difficile par conséquent de se sentir concerné par ce récit tragique, surtout que l’Atelier lyrique de Tourcoing retient une version ultérieure et élaguée de l’ouvrage qui ramène la durée de celui-ci à une heure et quarante-cinq minutes environ, sans rendre pour autant l’action plus efficace. Trop plongée dans le noir, la scénographie sans exotisme de pacotille d’Alain Lagarde et les costumes suggestifs de Christine Rabot-Pinson, mal mis en valeur par un éclairage inadapté, illustrent la confrontation entre les catholiques, vêtus de noir, et les musulmans, habillés de couleurs vives. Inabouti, le spectacle a toutefois le mérite d’exister puisqu’il permet de prendre malgré tout conscience du potentiel d’Aben Hamet, qui mérite désormais de bénéficier d’une édition critique.


Le site de l’Atelier lyrique de Tourcoing



Sébastien Foucart

 

 

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