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En marge de Pelléas Paris Opéra Comique 02/26/2014 - Claude Debussy : Prélude à l’après-midi d’un faune
Gabriel Fauré : Pelléas et Mélisande, Suite, opus 80
Ernest Chausson : Symphonie en si bémol majeur, opus 20
Orchestre des Champs-Elysées, Louis Langrée (direction)
L. Langrée (© Benoît Linero)
L’Opéra-Comique complète ses productions par un ensemble de manifestations liées à l’œuvre donnée : concerts, colloques, rencontres, etc. Louis Langrée, ainsi, dirigeait à la fois Pelléas et Mélisande de Debussy et un concert de musique française, donné le lendemain de la dernière. Un plaisir de gourmet. Certes l’Orchestre des Champs-Elysées, même si la scène lui est plus favorable que la fosse, garde, comme dans l’opéra de Debussy, des sonorités plus vertes que rondes. Il n’est pas sûr que cela convienne parfaitement au Prélude à l’après-midi d’un faune, pas plus que cette flûte assez sèche pour suggérer la torpeur érotique de l’atmosphère. Cela dit, si l’on attendait ici davantage d’hédonisme, on ne peut qu’apprécier la précision et la souplesse de la direction, le mystère des dernières mesures. Pelléas et Mélisande de Fauré, qui ne demande pas autant de sensualité, sonne beaucoup mieux. Et le chef français a raison de le concevoir comme une musique de scène plus que comme une simple suite symphonique : « La Fileuse » préserve son mystère, la Sicilienne ses souplesses dansantes, « La Mort de Mélisande » son aura tragique.
Mais le sommet du concert restait la Symphonie de Chausson, dont Louis Langrée a laissé une gravure de référence avec la Philharmonie de Liège – qu’on préfère ici aux Champs-Elysées (Accord). Dès le Lento-Allegro vivo il impose une lecture très dramatique, mais sans boursouflure, pleine d’ardeur et de grandeur conquérante, qui n’exclut ni la souplesse ni la rigueur – Chausson, en bon disciple de Franck, est un maître de la forme. Le mouvement lent, très tendu, assume sa proximité avec Tristan et Parsifal, avant l’apothéose du finale, remarquablement construit et crépitant d’énergie. Pour la musique française, Louis Langrée, héritier d’une grande tradition, a décidément peu de rivaux.
Didier van Moere
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