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Nationalités München Philharmonie im Gasteig 02/26/2014 - et 27 février 2014 (Wien) Jean Sibelius: Valse triste, opus 44 n° 1
Manuel de Falla: El Sombrero de tres picos: Suites (extraits)
Serge Prokofiev: Concerto pour piano n° 3, opus 26
Robert Schumann: Symphonie n° 4, opus 120
Alessandro Taverna (piano)
Münchner Philharmoniker, Lorin Maazel (direction)
A. Taverna (© Pierluigi Marchesan)
Lorsque Christian Thielemann a quitté un peu précipitamment la direction de l’Orchestre philharmonique de Munich, c’est Lorin Maazel, l’ancien directeur musical de l’Orchestre de la Radio bavaroise, l’autre phalange munichoise, qui a été appelé pour prendre sa place. A plus de 80 ans, le chef américain n’a peut-être plus une démarche aussi dynamique que par le passé mais son autorité reste intacte : clarté de la battue, précision des entrées, contrôle du tempo et surtout un sens de l’architecture musicale qui évoque les qualités d’un George Szell à qui il avait succédé à Cleveland.
Sibelius fait partie des compositeurs que Maazel a beaucoup défendus dans sa jeunesse. Il connaît bien cette Valse triste et la qualité des nuances des cordes permet aux musiciens de trouver le climat méditatif et un peu morbide qu’elle demande. Pour cette soirée, l’orchestre avait ajouté au dernier moment à ce concert quatre pièces des Suites du Tricorne de Falla qui feront partie du programme qu’ils devaient jouer le lendemain en tournée à Vienne. L’atmosphère de Sibelius traîne cependant encore un peu sur cette œuvre qui devrait être bien plus ensoleillée. La mise en place est certes impeccable mais les tempi sont un peu trop mesurés (sans atteindre ceux pratiqués par Sergiu Celibidache, chef historique de cet orchestre) et le son un peu trop dense pour permettre de trouver l’esprit de ces danses pleines de pétulances et d’énergie.
Il est possible de faire les mêmes reproches sur l’exécution qui est donnée du Troisième Concerto pour piano de Prokofiev. Les tempi sont à nouveau un peu sages et le démonisme de ce concerto n’est pas là. Mais le niveau est tout autre : la lecture très personnelle, très claire et très construite du pianiste Italien Alessandro Taverna est très musicale; l’intelligence profonde de la lecture orchestrale et le relief donné à l’instrumentation permettent de défendre avec éloquence les options inhabituelles choisies par les musiciens. Très applaudi, le jeune pianiste Italien donne en bis une pièce ébouriffante et réjouissante de Friedrich Gulda, nous montrant que s’il a donné une lecture très mesurée de ce concerto, il sait aussi se lâcher le moment venu.
La Quatrième Symphonie de Schumann est une œuvre qui est plus proche de l’univers musical des musiciens bavarois. Les musiciens s’équilibrent plus naturellement entre eux et le tissu harmonique des cordes est tout de suite plus riche. Fidèle à ses habitudes, Lorin Maazel est très attentif à la construction et au développement de l’œuvre, même si le Scherzo est un peu sévère et s’il insiste un peu trop sur les entrées des musiciens dans le fugato du Finale. Mais la Romance, qui bénéficie de la musicalité d’un excellent violon solo, est très réussie et surtout, le crescendo qui sert de transition entre les deux derniers mouvements a une réelle grandeur. Les musiciens pourront aborder avec confiance leur passage à Vienne avec ce programme.
Antoine Leboyer
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