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Mais ces quatre voix ne s’en soucient guère...

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
01/15/2001 -  
Kate Moore : Sketches of stars
Ludwig van Beethoven : Quatuors n° 4, opus 18 n° 4, et 16, op. 135
Anton Webern : Quatuor, opus 28

Ludwig van Beethoven : Quatuors n° 3, opus 18 n° 3, et 14, op. 131


Quatuor Pražák (Beethoven, Webern), Ensemble Syntonia (Moore)

Entamant par un véritable marathon (deux concerts séparés par une pause d’une heure) la deuxième partie d’une intégrale Beethoven commencée en octobre dernier et qui s’achèvera en juin prochain, les musiciens du Quatuor Pražák frappent dès le Quatrième Quatuor par la perfection de la mise en place, l’intelligence des tempi et la justesse stylistique. Soulignant les accents et les contrastes, ils privilégient une veine incisive, voire drue et râpeuse, toujours vivante et engagée.


La même recette est appliquée avec un bonheur parfait au Quatuor de Webern : tour à tour contrasté et coloré dans le mäßig, gracieux et ludique dans le gemächlich, puis expressif dans le sehr fließend, il en accède au dangereux statut de "classique".


Ce quatuor est fort opportunément rapproché du Seizième Quatuor de Beethoven, dans lequel les Tchèques savent faire la place, dans le lento assai e cantante tranquillo, à l’émotion et à la simplicité, ou, au détour d’une phrase secondaire du fameux mouvement final, à cette manière de respirer qui n’appartient qu’à eux.


Au cours du second concert, le Troisième Quatuor offre sans doute moins de prise à ce traitement "à bras le corps", mais la compréhension du discours beethovenien reste irréprochable, à l’appui d’un classicisme intemporel qui ne tire cette partition ni vers Haydn, ni vers Brahms. Concluant cette démonstration avec l’imposant Quatorzième Quatuor, les Pražák conjuguent hauteur de vues et prise de risques dans une interprétation confondante d’autorité et de sensibilité.


Les spectateurs réservent un accueil triomphal à des artistes étroitement rassemblés autour de leur pupitre, dont le plaisir de communiquer avec le public jouer ensemble est tellement évident et réconfortant que vient à l’esprit Martinů s’exprimant à propos de son propre Septième Quatuor (Concerto da camera) : "On se sent chez soi dans le quatuor, dans l’intimité, heureux. Il pleut dehors et la nuit tombe, mais ces quatre voix ne s’en soucient guère, elles sont indépendantes, libres, elles sont ce qu’elles veulent, et créent cependant un ensemble harmonieux, une sorte de new entity, un tout harmonieux".


En "lever de rideau" du premier concert, des membres de l’Ensemble Syntonia avaient donné une œuvre de Kate Moore. Sketches of stars est une vaste passacaille nocturne sur quatre notes, brièvement interrompue par une section rageuse et fortement rythmée et conclue par un solo de violoncelle. On ne peut que saluer la maîtrise du temps de la part de cette jeune Anglaise de vingt-deux ans, qui parvient, au travers d’un langage dépouillé, à une musique évocatrice et poétique.




Simon Corley

 

 

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