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Un aller-retour pour Atlanta sous le signe du minimalisme américain

Metz
Arsenal (Grande Salle)
02/15/2014 -  
Jason Freeman : Graph Theory (création française)
Daniel Wohl : Cycles
Martin Matalon : Las siete vidas de un gato
Steve Reich : City Life
John Adams : Century Rolls

Sébastien Koch (piano)
Ensemble Sonic Generator, Orchestre national de Lorraine, Jacques Mercier (direction)


(© Cyrille Guir)


Soutenue par les mécènes de l’Orchestre national de Lorraine, l’aventure franco-américaine de la phalange messine avec les musiciens de l’Ensemble Sonic Generator à Atlanta a marqué une première étape en novembre dernier lors de la venue des français en Géorgie. Le concert dans la grande salle de l’Arsenal constituait donc le «retour» de cet échange emblématique des partenariats qui se nouent entre l’agglomération messine et la métropole américaine – entre autres par le renforcement des liens entre la Technopôle de Metz et le Georgia Tech.


De telles fiançailles ne pouvaient s’augurer autrement qu’avec un programme placé sous le signe de la musique américaine, et dans sa dimension la plus exportée, à savoir la minimaliste répétitive. Joué pour la première fois en France, Graph Theory de Jason Freeman se compose d’une succession de soixante-et-un fragments musicaux confiés ici au violon et dont le couplage avec un travail acoustique doit permettre, via la toile, une écoute interactive. Sans préjuger de la qualité de tels arpèges, il faut bien avouer que cet artifice peut donner une épaisseur supplémentaire à ce qui ressemble à un agréable prélude, quoiqu’un peu mince. Donné en avant-première d’une commande conjointe de l’Ensemble Sonic Generator et de la compagnie gloATL, Cycles de Daniel Wohl constitue le premier mouvement de cette musique de ballet. Si la partition procède par répétition de micro-motifs, elle évite une trop grande monochromie – entre autres grâce à une pulsation variée – et recueille un estimable succès. Inspirée par le film de Bunuel Un chien andalou, la pièce Las siete vidas de un gato de Matalon offre un aperçu de la grande habileté du compositeur franco-argentin tant dans le travail des textures que des couleurs. Echos et imitations concourent à un saisissant effet d’amplification et de densification d’un effectif somme toute modeste.


Dans City Life, créé il y a presque vingt à Metz, Steve Reich insère des bruits urbains dans le tissu sonore. A l’inverse de Varèse, la matière brute ne violente pas le continuum musical et fonctionne plutôt comme un arrière-plan venant enrichir l’expérience musicale – avec sa composante hypnotique, comme toujours chez Reich. Relativement paisible au début, le morceau évolue vers une séquence plus inquiète qui suggère l’atmosphère parfois anxiogène d’une mégalopole comme New York, avant de retrouver ensuite une forme de sérénité. Cette expérience éminemment globale se veut ainsi comme une traduction esthétique de la sollicitation permanente que subit l’ouïe dans l’urbanité contemporaine. Saluons la performance littéralement athlétique des musiciens et de la battue précise et constante de Jacques Mercier, que l’on retrouve, après l’entracte, dans le concerto pour piano et orchestre de John Adams, Century Rolls, complément à la programmation donnée à Atlanta, et qui s’inscrit dans la carte blanche à Sébastien Koch, pianiste natif de la capitale mosellane. Dans cette œuvre écrite à la demande d’Emanuel Ax et de l’Orchestre de Cleveland, John Adams assume une inspiration venue des années 1920. On y reconnaît la fantaisie du Ravel du Concerto en sol ou le motorisme d’un Prokofiev, mais aussi le Satie des Gymnopédies dans une section lente rêveuse et doucement mélancolique. Un tel morceau de bravoure ne pouvait former meilleure conclusion à un concert qui démontre une fois de plus que la musique contemporaine peut être résolument d’aujourd’hui et témoigne d’une belle fraternité entre interprètes d’horizons différents.



Gilles Charlassier

 

 

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