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Un Otello proche de la perfection

Antwerp
Vlaamse Opera
02/07/2014 -  et 9*, 12, 14, 16, 18 (Antwerpen), 28 février, 2, 7, 9 mars (Gent) 2014
Gioacchino Rossini: Otello, ossia Il moro di Venezia
Gregory Kunde (Otello), Carmen Romeu (Desdemona), Maxim Mironov (Rodrigo), Robert McPherson (Iago), Josef Wagner (Elmiro), Raffaella Lupinacci (Emilia), Maarten Heirman (Il doge di Venezia), Stephan Adriaens (Un gondoliere)
Koor van de Vlaamse Opera, Jan Schweiger (chef de chœur), Symfonisch orkest van de Vlaamse Opera, Alberto Zedda*/Ryuichiro Sonoda (direction)
Patrice Caurier, Moshe Leiser (mise en scène), Christian Fenouillat (décors), Agostino Cavalca (costumes), Christophe Forey (éclairages)


G. Kunde, C. Romeu (© Annemie Augustijns)


Le Vlaamse Opera n’a pas les moyens de s’offrir la Desdemona haut de gamme de Cecilia Bartoli mais les chanteurs réunis pour cette reprise de l’Otello (1816) zurichois forment une solide distribution. La plupart d’entre eux se sont déjà illustrés à Pesaro – cela s’entend – et tous débutent dans leur rôle, à l’exception de Gregory Kunde et de Maxim Mironov, distribués respectivement en Otello et Rodrigo. Le ténor américain, qui a interprété le Maure en 2012 à la Monnaie en version de concert, résout les difficultés de sa partie et creuse profondément le personnage. L’impact du registre aigu demeure impressionnant et les vocalises, assurées, ne freinent pas la progression dramatique. Parfois dure et forcée, la voix porte loin et le timbre revêt des teintes sombres de baryténor du plus bel effet.


Théâtralement moins persuasif mais vocalement plus élégant, le ténor russe, authentique belcantiste, excelle à peaufiner les phrasés, à nuancer l’intonation, à contrôler l’émission, et conduit naturellement sa voix, agile, lumineuse et onctueuse comme celle d’un Méditerranéen. Epatant Idreno sur cette scène en 2010, Robert McPherson compose un excellent Iago, cynique et nonchalant, parvenant de la sorte à conférer du caractère à un personnage plus secondaire que dans l’opéra éponyme de Verdi – à noter également le Doge artificiellement vieilli et chétif de Maarten Heirman, membre des chœurs.


Se produisant régulièrement au Vlaamse Opera, Joseph Wagner, Elmiro droit, rude et mal intentionné, se présente égal à lui-même : le baryton-basse autrichien confirme son talent de comédien et la haute tenue de son chant. Admirablement secondée par l’Emilia de Raffaella Lupinacci, soprano rossinienne compétente, Carmen Romeu livre une prestation de premier ordre en Desdemona sans enflammer autant le plateau que l’Otello sanguin et tourmenté de Gregory Kunde. Le timbre séduit et le chant est précis, expressif et naturel, même dans les vocalises que la soprano espagnole file brillamment. Préparés par Jan Schweiger, qui les dirige depuis janvier en remplacement de Yannis Pouspourikas, les chœurs montrent une fermeté et une cohésion impressionnantes, en particulier à la fin du premier acte.


S’il doit se passer de Cecilia Bartoli, le Vlaamse Opera se paie tout de même le luxe de confier la direction musicale à Alberto Zedda, quatre-vingt-six ans. Face à un guide aussi inspirant, l’orchestre se surpasse et affiche une cohésion, une précision et un fini instrumental dont il n’est pas toujours coutumier : cordes ductiles, uniformes et denses, bois justes et éloquents, cuivres resplendissants. Souple, ferme et actif, il porte le drame à lui seul. La mise en scène concentrée et tendue de Patrice Caurier et Moshe Leiser réserve à la musique toute la place qu’elle mérite, au point de se faire oublier. Le jeu scénique et la gestuelle s’avèrent parfois sommaires, en tout cas sans originalité particulière, mais le spectacle tient bon et aucun chanteur ne semble livré à lui-même. La scénographie inscrit le drame dans une seconde moitié du XXe siècle envenimée par le racisme mais le message sociopolitique passe au second plan. Le Théâtre des Champs-Elysées accueillera cette production du 7 au 17 avril dans une distribution entièrement différente : heureux Parisiens qui pourront entendre la Desdemona de la Bartoli.



Sébastien Foucart

 

 

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