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Messager ? Passionnément ! Tours
Grand Théâtre
12/27/2013 - et 28, 29, 31* décembre 2013
André Messager : Passionnément
Catherine Dune (Ketty Stevenson), Chloé Chaume (Julia), Cécile Galois (Hélène Le Barrois), Didier Henry (William Stevenson), Régis Mengus (Robert Perceval), Ronan Nédélec (Capitaine Harris), Jacques Lemaire (Adolphe Le Barrois), Jacques Duparc (Auguste)
Orchestre symphonique Région Centre-Tours, Emmanuel Trenque (direction musicale)
Jacques Duparc (mise en scène), Marc Delamézière (lumières), Christophe Vallaux (décors)
C. Dune, R. Mengus (© François Berthon)
Du cahier des charges de fin d’année qui commande un ouvrage léger à l’affiche, l’Opéra de Tours en tire toujours un habile parti pour remettre au goût du jour des ouvrages que maintes capitales jugeraient désuets, Dédé de Christiné il y a deux ans, Passionnément de Messager en ce mois de décembre. Snobées ailleurs, les comédies musicales à la française trouvent ainsi en terre tourangelle une tribune et un public plus familial que blanchissant, démentant les méchantes rumeurs. D’autant qu’avec Jacques Duparc, artisan de la réalisation scénique de ces friandises, ce répertoire trouve un défenseur aussi appliqué qu’inspiré.
Venu à Deauville pour régler une affaire, William Stevenson succombera, à la faveur d’une virée nocturne au casino avec un compatriote américain, aux délices du champagne, et son épouse Ketty aux charmes de Robert Perceval qui, dans la vente de la concession américaine dont il a hérité dans le Colorado, devait être roulé par son mari: tel est pris qui se croyait prendre. Habile miroir des contraintes et des fantasmes de la bourgeoisie, le livret enlevé de Willemetz et Hennequin, est rehaussé de clins d’œil «d’actualité», dans le plus pur esprit du genre, et qui tissent une complicité avec l’auditoire sans avoir besoin de transgresser les données initiales de l’intrigue. Preuve qu’il n’est pas besoin de transposer pour goûter l’intemporelle saveur des quiproquos conjugaux.
Dans son double jeu avec la perruque blanche et les lunettes bleues imposées par un époux jaloux, Ketty Stevenson se montre irrésistible, autant que Catherine Dune, élégante et sensuelle, au style impeccable. A ses côtés, Chloé Chaume incarne une Julia fraîche et piquante avec ses jeux de mots faussement ingénus – son texte leste constitue une merveille de grivoiserie de bon ton. Sous ses airs de matrone en goguette, Cécile Galois se révèle une Hélène Le Barrois irrésistible. Côté messieurs, Didier Henry réserve à William Stevenson un inimitable accent américain de pacotille, tandis que Régis Mengus campe un juvénile Robert Perceval. Ronan Nédélec, le Capitaine Harris, témoigne par son assurance théâtrale des enseignements reçus à l’Académie de l’Opéra Comique. Enfin, Adolphe Le Barrois revient à l’incontournable Jacques Lemaire, et Auguste, le domestique dont tout le monde s’obstine à oublier le nom, offre une composition de choix à Jacques Duparc, sans égal dans la maîtrise du pince-sans-rire.
A la tête de l’Orchestre symphonique Région Centre-Tours, Emmanuel Trenque sait équilibrer le mélange d’élans festifs et d’inflexions discrètement mélancoliques auquel se reconnaît la musique de Messager, sans âge comme sans ride, éternelle comme les turpitudes sentimentales.
Gilles Charlassier
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