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Fascinant Orient

Paris
Théâtre national de Chaillot (Salle Jean Vilar)
01/03/2014 -  et 4, 5, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 14, 15, 16, 17, 18, 19 janvier 2014
Les Nuits

Ballet Preljocaj: Gaëlle Chappaz, Natacha Grimaud, Emilie Lalande, Céline Marié, Wilma Puentes Linares, Aude Miyagi, Nagisa Shirai, Charlotte Siepiora, Anna Tatarova, Patrizia Telleschi, Cecilia Torres Morillo, Yurie Tsugawa, Sergi Amoros Aparicio, Marius Delcourt, Sergio Diaz, Jean-Charles Jousni, Fran Sanchez, Julien Thibault
Angelin Preljocaj (chorégraphie), Natacha Atlas et Samy Bishai, 79D (musique), Azzedine Alaïa (costumes), Constance Guisset (scénographie), Cécile Giovansili-Vissière (lumières)


(© Jean-Claude Carbonne)


La création mondiale des Nuits d’Angelin Preljocaj, chorégraphie pour dix-huit danseurs inspirée des Contes des Mille et une Nuits dont la première eut lieu en avril 2013 au Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence dans le programme de Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la culture et coproduite avec le Los Angeles Music Center, est un magnifique spectacle, sensuel et flamboyant. Lors de sa création cependant son chorégraphe fut accusé d’antiféminisme, voire de machisme, devant la vision « négative » infligée aux femmes de cet Orient-là montrées comme étant à la disposition des hommes, enfermées dans des jarres et pire, au final aperçues derrière des barreaux de prison, enfermées après avoir beaucoup servi. C’est à peine si la justesse et le raffinement de la chorégraphie ont été évoqués ! On a aussi reproché à Preljocaj une certaine crudité dans la présentation de cette sensualité orientalisante, scènes de hammam, intimité entre hommes, entre femmes et même la manipulation de certains symboles apparemment soudain devenu tabous. La gent journalistique spécialisée dans la danse, féminine dans sa majorité, avait-elle soudain oublié qu’à longueur d’année elle supporte, voire encense, une certaine catégorie de chorégraphes qui n’ont ni le talent, ni le passé chorégraphique de Preljocaj et qui donnent à voir de véritables obscénités sur les scènes françaises les plus huppées ? Pourtant il ne fait que convoquer l’univers de Shéhérazade, ne lésinant pas sur l’affiche avec pour de flamboyants costumes Azzedine Alaïa et Constance Guisset pour la scénographie. Le seul reproche peut être le choix musical pas toujours aussi heureux qu’à l’habitude, alternant chansons et mélodies orientales très teintées de violon à la cairote, et faisant participer une chanteuse de world music et icône de la fusion, Natacha Atlas, et le compositeur Samy Bishai.


Plus qu’un ballet, Les Nuits est une revue à numéros, certes réalisée pour un public plus large que celui qui suit habituellement le chorégraphe dans ses expériences plus « intellectuelles » comme récemment Ce que j’appelle oubli, angoissant et magnifique huis-clos sur un texte de Laurent Mauvignier créé à la dernière Biennale de la Danse en 2012 à Lyon. On a le droit de la juger un peu longuette bien que son rythme se soit bien accéléré depuis la création, en faisant un spectacle très fluide et pour sa durée de 90 minutes une réussite sur le plan du timing. Cette suite de tableaux bien tranchés donne à voir des duos, trios, ensembles dont certains très jazzy évoquant un générique de James Bond dans un cadre oriental très bien stylisé grâce aux beaux costumes et accessoires d’Alaïa et qui doit une grande partie de sa réussite aux éclairages raffinés de Cécile Giovansili-Vissière. Certes on y insiste bien sur le fait qu’il s’agit bien là d’un monde machiste (« It’s a man’s World » en est un leitmotiv) mais non innocemment les hommes y sont moins nombreux sur scène que les danseuses. Dans Les Nuits la sensualité est omniprésente (on retrouve çà et là quelques images déjà connues de l’univers du chorégraphe qui en 1988 l’avait déjà explorée avec son mémorable Liqueur de chair). L’érotisme aussi qui n’a jamais vraiment quitté son geste chorégraphique même dans ses pièces violentes comme Roméo et Juliette et Ce que j’appelle oubli où il cohabitait avec la brutalité la plus crue. Aurait-il pu y être poussé plus avant ? Preljocaj s’en tient aux évocations, toujours très réussies, un gage probable de la vocation grand public de ce très beau spectacle.


Autour du spectacle :
Une journée avec Angelin Preljocaj le 11 janvier de 10 heures 30 à 18 heures 30
Exposition de tableaux d’Angelin Preljocaj, Salle Firmin Gémier (accès libre)


Le site du Théâtre national de Chaillot
Le site du Ballet Preljocaj



Olivier Brunel

 

 

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