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Chemins schubertiens

Baden-Baden
Festspielhaus
12/13/2013 -  
Franz Schubert : Sonates pour piano en la majeur, opus 120, D. 664, en la mineur, opus 42, D. 845, et en ré majeur, opus 53, D. 850 «Gasteiner»

Daniel Barenboim (piano)


D. Barenboim (© Brill)


Trois Sonates de Schubert au programme, et pas parmi les plus fréquentées, pour ce récital d’un Daniel Barenboim toujours aussi souverain quand il s’agit de mettre en valeur l’essentiel d’une architecture musicale. Tout au long de ces divines longueurs (il y en aura quelques-unes dans ce parcours, même les schubertiens passionnés, dont nous sommes, ne pourront le nier), on pourra admirer à loisir ce sens inné des équilibres, ce balisage de l’écoute par des repères clairement audibles, cette dramatisation impressionnante des moments forts et aussi ce nivellement intentionnel de passages d’un moindre intérêt stratégique.


Car ce qu’on entend au cours de ce concert, ce n’est évidemment ni du grand piano de virtuose russe, ni de la mise en place scrupuleuse et maniaque façon Brendel, et moins encore une fusion avec l’instrument façon Arrau. Ici le piano, en tant que lieu de démonstration technique, se ferait presque oublier. Seul le discours musical compte, une sorte de grande onde qui va du début à la fin de chaque mouvement, se tend dès les toutes premières notes et ne nous lâche plus. En définitive Barenboim se sert de l’instrument soliste comme il le ferait d’un orchestre entier, en prodigieux ordonnateur de plans sonores et d’enchaînements, et parvient ainsi à nous faire oublier que ses doigts ne suivent pas toujours docilement sa pensée (assez peu de fausses notes voyantes mais beaucoup d’accords d’une netteté incertaine voire de brumes de pédale forte opportunément salvatrices).


Un peu plus de travail de préparation pianistique de fond, à ce niveau d’excellence, ne serait-il pas opportun, quand même ? Mais des récitals de piano aussi évidents musicalement, a-t-on pu en vivre tant que cela ? Assurément non. Sereine entrée en matière avec la Sonate D. 664, petit thème entêtant et digressions orchestrées de main de maître. Plus massive Sonate D. 845 avec ses formidables enchaînements d’accords que Barenboim souligne en prenant beaucoup appui sur ses talons (c’est d’ailleurs assez bruyant, et parfois un peu gênant, mais là encore seul le souffle général compte). En seconde partie, la très étalée Sonate D. 850 «Gasteiner», que le maestro préserve remarquablement bien de l’éparpillement. On pourrait citer chaque page de ce concert en exemple, sinon pianistique, du moins de gestion du temps musical qui passe. On ne s’y ennuie jamais, même si fatalement tous ces moments d'interprétation juxtaposés finissent par dégager une relative impression de gestion globale, un peu survolée.


En tout cas, à l’issue de ce programme pourtant long, on en reprendrait bien une sonate de plus, ce qui est déjà très significatif.



Laurent Barthel

 

 

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