About us / Contact

The Classical Music Network

Geneva

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Panache, poésie et classicisme

Geneva
Victoria Hall
10/12/2013 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 4, opus 58
Gustav Mahler : Symphonie n° 1 «Titan»

Nelson Freire (piano)
Orquestra Sinfônica do Estado de São Paulo, Marin Alsop (direction)


M. Alsop (© Grant Leighton)


Les deux grands bouleversements « géo-musicologiques » de ces dernières années ont été l’apparition sur la scène internationale de pianistes de grand talent issus de la Chine ainsi que de la découverte d’une tradition orchestrale issus des pays du continent sud-américain. L’Orchestre Simón Bolívar est bien évidemment le plus médiatique de par le message d’humanisme qui est lié à son histoire mais certains mélomanes se souviennent probablement de la tournée de l’Orchestre symphonique du Mexique en 2008. Et c’est dans ce contexte qu’en dépit d’une météo passablement froide et humide, la salle du Victoria Hall était quasiment pleine pour ce qui doit être la première venue de l’Orchestre symphonique de São Paulo.


Contrairement à une certaine tradition qui veut que les ensembles étrangers proposent un programme qui comporte des compositeurs de leurs pays, les œuvres retenues ce soir sont éminemment classiques, nous rappelant que le Brésilien Nelson Freire a étudié à Vienne avec Friedrich Gulda et que l’Américaine Marin Alsop a elle étudié avec Leonard Bernstein.


C’est un Beethoven discret et feutré que nous propose Nelson Freire. L’introduction respecte les indications piano du compositeur mais le sforzando de la troisième mesure est volontairement adouci. Très attentive à son soliste, Marin Alsop déroule une introduction plus chambriste que symphonique. Tous deux privilégient une conception concertante de cet Allegro moderato où la superbe qualité de toucher du pianiste et le soin qu’il apporte à la continuité de la ligne mélodique sont parfaitement en situation. Les premiers violons de l’orchestre manquent de couleur mais le hautbois solo ainsi que le premier violoncelliste phrasent avec beaucoup de musicalité. Seuls quelques traits du Finale sont un peu rapides pour les musiciens mais ce ne sont que des peccadilles devant une exécution d’une telle noblesse. Très apprécié par le public genevois qui le connaît bien, Nelson Freire donne deux bis.


C’est un orchestre au grand complet que l’on retrouve pour la seconde partie dans la Première Symphonie de Mahler. Si les premiers violons souffrent toujours d’un manque de présence, ce n’est pas le cas pour les cuivres et le pupitre des trompettes en particulier, est remarquable. Marin Alsop s’inscrit dans une tradition d’un Mahler théâtral refusant le choix d’une lecture purement instrumentale ou celle d’une recherche parfois un peu artificielle d’un compositeur ultra-moderniste dont chaque note préfigurerait l’école de Vienne. Elle bouscule à plusieurs reprises musiciens et public par des changements de tempis un peu brusques ou par des rubatos très marqués dans le scherzo. Mais en fin de compte, sa baguette nous raconte dans cette symphonie un conte épique sur la nature, les animaux, l’exaltation... L’exécution n’est pas toujours sans reproches mais n’est pas un prix bien faible à payer pour écouter avec autant de fraîcheur d’une oreille neuve cette œuvre si jouée.


Très applaudie par un public conquis, la chef donne comme son pianiste deux bis, deux œuvres dansées, une de Chostakovitch et surtout une autre de Villa-Lobos, pleine de joie et de couleur où le thème principal passe par les différents pupitres avec un panache tout sud-américain.


Ce programme ouvrait la saison genevoise des « Grands interprètes » que propose l’ancien directeur général de l’Orchestre de la Suisse Romande. La saison qu’il a préparée permettra de retrouver des artistes et ensembles prestigieux avec des habitués (Murray Perahia, Alexandre Tharaud, András Schiff...), des ensembles de chambre (les quatuors Borodine, Pavel Haas, Belcea...), d’autres orchestres, l’Orchestre symphonique de Londres sous la baguette de John Eliot Gardiner, et continuera à nous faire découvrir de nouveaux ensembles puisqu’il organisera mi-novembre pour la première fois à Genève la venue de l’Orchestre phihlarmonique de Taiwan.


Le site des Grands interprètes



Antoine Leboyer

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com