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C’era una volta...

Metz
Opéra-Théâtre
09/20/2013 -  et 22*, 24 septembre 2013
Gioacchino Rossini : La Cenerentola

Anna Destraël (Angelina), Yuri Kissin (Don Magnifico), David Alegret (Don Ramiro), Armando Noguera (Dandini), Laurent Arcaro (Alidoro), Eduarda Melo (Clorinda), Hagar Sharvit (Tisbe)
Chœur d’Hommes de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, Nathalie Marmeuse (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Metz, José Miguel Pérez-Sierra (direction)
Louis Désiré (mise en scène, décors et costumes), Patrick Méeüs (lumières)


(© Philippe Gisselbrecht/Metz Métropole)


De Louis Désiré, vieux routier du théâtre venu assez récemment à la mise en scène, on avait pu apprécier ses Bal masqué et Francesca da Rimini monégasques, spectacles au «chic» visuel indiscutable, mais qui pouvaient faire craindre que l’approche esthétique fût le seule lecture du réalisateur. Invité par Paul-Emile Fourny à Metz, le voici confronté à La Cenerentola, ouvrage délicat à représenter, car le comique des situations ne doit jamais obérer la délicatesse des sentiments. Et il faut d’emblée saluer la remarquable réussite de ce spectacle, auquel Louis Désiré, qui signe également les décors et les costumes, donne une unité et une continuité dramatique incontestable. On se souviendra longtemps, au I, de la maison de Cendrillon, entièrement recouverte de couvertures défraîchies d’un magazine people des années 1950 intitulé C’era una volta, dans laquelle vient bientôt faire intrusion, de manière très spectaculaire, un immense et magnifique lustre argenté symbolisant le palais de Don Magnifico. Au sein de cette superbe scénographie, les mouvements de chacun semblent naître de la musique avec une précision diabolique, et, dans les airs, les phrases peuvent se déployer librement, sans qu’aucune accumulation de gags ne vienne détourner l’attention. Car Désiré a bien compris l’essence douce-amère de ce dramma giocoso, et si l’on rit beaucoup à ce spectacle inventif, on s’émeut tout autant.


En tête d’une distribution qui brille par sa fraîcheur et son enthousiasme se détache la mezzo française Anna Destraël, Angelina au timbre rond et cuivré, au registre suraigu malheureusement un peu strident, mais vocalisant avec assurance, ce qui nous vaut un très réussi rondo final. Le prince de Salerne est le ténor catalan David Alegret, entendu et apprécié cet été au festival de Castell Peralada; de Ramiro, il possède l’exacte tessiture, avec un aigu aisé et une belle couleur de voix. Yuri Kissin crée la surprise en Don Magnifico, le baryton russe ayant fait de nets progrès dans le chant sillabato (et la prononciation de la langue de Dante) depuis son Dulcamara nantais il y a trois saisons. Dans le rôle de Dandini, l’Argentin Armando Noguera, qui nous avait enchanté à Lille dans le rôle-titre du Barbier de Séville en juin dernier, s’avère, comme à son habitude, aussi excellent comédien que chanteur, offrant à l’auditoire sa superbe ligne de chant et son impeccable vocalisation. Bien dirigées par Désiré, les deux sœurs, Eduarda Melo et Hagar Sharvit, se livrent à d’impayables numéros qui déclenchent l’hilarité de la salle, mais vocalement on n’est guère à la fête, à cause du timbre métallique de la première, et du manque de projection vocale de la seconde. Quant à l’Alidoro de la basse française Laurent Arcaro, il vaut mieux l’oublier, ses problèmes permanents de justesse et d’intonation nous ayant fait redouter chacune de ses apparitions.


Il convient enfin de saluer la direction incisive du chef espagnol José Miguel Pérez-Sierra, qui s’attache à ciseler tous les contrastes – des nuances les plus délicates aux déchaînements les plus ébouriffants –, et à insuffler, au généralement mal sonnant Orchestre de l’Opéra de Reims, une belle verve. Le chœur (masculin) maison n’a, quant à lui, pas plus brillé que d’habitude...


Peu importent les quelques bémols, on est sorti tout guilleret de cette charmante soirée rossinienne.



Emmanuel Andrieu

 

 

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