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Gluck berliozien, justice rendue

Grenoble
La Côte-Saint-André (Château Louis XI)
08/28/2013 -  
Christoph Willibald Gluck/Hector Berlioz : Orphée et Eurydice

Marianna Pizzolato (Orphée), Marie Arnet (Eurydice), Bénédicte Tauran (L’Amour)
Chœur et Solistes de Lyon, Bernard Tétu (direction des chœurs), Orchestre des Pays de Savoie, Nicolas Chauvin (direction)


M. Pizzolato, M. Arnet (© Gérard Gay-Perret/Festival Berlioz)


Si Berlioz constitue évidemment le cœur de la programmation du festival de La Côte-Saint-André, Bruno Messina n’entend pas, à raison, la brider au seul corpus du compositeur français. Depuis 2009, il s’attache avec succès à la mettre en perspective, et il fallait bien qu’un jour l’on y jouât l’une des idoles du grand Hector, Gluck. Berlioz a d’ailleurs, sur la demande de Pauline Viardot, enrichi la partition d’Orphée et Eurydice d’un air virtuose, certes en décalage stylistique d’avec le reste, mais d’une facture vocale qui ne laisse aucun déplaisir à l’écoute. C’est donc cet Orphée «berliozifié» que Nicolas Chauvin et son Orchestre des Pays de Savoie, partenaires réguliers de la scène iséroise, donnent dans la cour du château Louis XI.


D’emblée, on est saisi par le sens du drame et une vigilance aux chanteurs. Les tempi sont certes vifs, mais ne cèdent point à la précipitation pour tenir lieu de vitalité, et le chef français sait caractériser les épisodes de l’opéra avec une économie qui sent bien la leçon gluckiste. Ainsi, la transparence classicisante des cordes se densifie quand les accents des Furies infernales se font connaître. Timbre charnu, rondeur de l’émission, diction d’une précision admirable pour une non-francophone – la mezzo est italienne –, Marianna Pizzolato recueille un juste succès en Orphée. On pourrait se montrer pointilleux sur quelques vocalises dans l’air écrit pour Viardot, mais l’essentiel est bien plutôt dans cette incarnation habitée, à qui l’endurance requise par le rôle n’effraie point. Les cris déchirants de l’époux abandonné tout autant que le chant destiné à amadouer les Enfers affirment une crédibilité certaine, fidèles aux intentions de la partition. Marie Arnet ne démérite point en Eurydice juvénile. Quant à l’Amour, il est dévolu à la frémissante Bénédicte Tauran, dont le diaphane babil constitue le signal de la délivrance finale. Les ensembles vocaux trouvent en la formation dirigée par Bernard Tétu un aède à l’intonation précise et à l’expression adéquate. Aussi n’est-il pas nécessairement besoin d’appui scénographique quand la réalisation musicale se révèle à la hauteur.


Si le nom de Berlioz sur la version constitue une légitimation directe, le succès de la soirée permet de songer à d’autres opéras de Gluck que l’on pourrait donner à La Côte-Saint-André. Car après tout, la modestie, voulue, des moyens requis par le chevalier réformiste sont parfaitement compatibles avec ceux du festival rhônalpin. Et à fréquenter les auteurs admirés de Berlioz l’on accroît aussi la connaissance de son œuvre – et l’on fait honneur à une autre moins justement traitée par la postérité. L’histoire de la musique ne s’écrit pas toujours dans les grandes capitales...



Gilles Charlassier

 

 

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