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Dominante russe

Annecy
Eglise Sainte-Bernadette
08/29/2013 -  et 30* août 2013
Giuseppe Verdi : La forza del destino: Ouverture
Jean Sibelius : Concerto pour violon en ré mineur, opus 47
Nikolaï Rimski-Korsakov : Shéhérazade, opus 35
Anatole Liadov : Kikimora, opus 63
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n°2 en do mineur, opus 18 – Danses symphoniques, opus 45

Gidon Kremer (violon), Denis Matsuev (piano)
Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, Youri Temirkanov (direction)


Y. Temirkanov (© Yannick Perrin)


Fidèles à l’Annecy Classic Festival, il revenait encore cette année au Philharmonique de Saint-Pétersbourg – et à leur directeur musical, Youri Temirkanov – d’assurer la clôture de la manifestation savoyarde.


Le premier concert débutait par la célèbre Ouverture de La Force du destin – on sait que le chef-d’œuvre de Verdi fut créé dans la capitale des Tsars – pour se poursuivre avec le Concerto pour violon de Sibelius, interprété ce soir par Gidon Kremer. Sil est moins présent sur la scène internationale, le violoniste letton reste un archet à la technique étincelante et à l’inspiration toujours assurée. Il ne fait ainsi qu’une bouchée de la partition de Sibelius, une des plus difficiles de tout le répertoire violonistique, en offrant au public le son d’un violon ample, généreux, et une ligne musicale sans aspérité aucune. Vivant sa musique, vibrant avec celle de Sibelius, le soliste fait rayonner les teintes lumineuses de son instrument, qui s’accorde parfaitement au somptueux écrin que lui tisse le chef russe.


La soirée se poursuit avec le fameux Shéhérazade de Rimski-Korsakov, qui s’ouvre par de riches couleurs de cuivres, évocation d’un calife puissant aux menaces de mort incontournables. Dans «Le jeune prince et la jeune princesse», le violon solo de Lev Klychkov offre des sonorités luxuriantes: maestria du geste, plénitude su son, ampleur du coup d’archet, on ne sait qu’admirer le plus chez l’artiste russe. Puis, de «La Fête à Bagdad» au «Naufrage du bateau sur les rochers», la baguette de Temirkanov maîtrise la tempête instrumentale qui se déchaîne sans jamais sombrer dans l’anarchie, et l’on distingue toujours tous les pupitres dans un équilibre parfait des masses orchestrales. Enfin, dans un silence absolu, le violon solo, reprenant le thème initial, clôt de la plus belle manière un concert tout à fait enthousiasmant.


Le lendemain, c’est une rareté qui ouvre la soirée: le «scherzo fantastique» Kikimora, conte imaginé par Liadov. Cette partition, un vrai régal, est gorgée d’une grande variété de couleurs et offre une musique superbement orchestrée et imagée, truffée d’humour, dans laquelle des ambiances de matins calmes et de campagnes verdoyantes sont vite remplacées par des rythmes suggérant l’arrivée des esprits de la forêt et de sorcières menant des bals infernaux. Dans le célébrissime Deuxième Concerto de Rachmaninov, c’est Denis Matsuev, codirecteur du festival, qui, comme l’an passé, est au piano en cette soirée de clôture. Comme à son habitude, le virtuose russe combine technique et puissance digitale, parvenant à transcender cette partition particulièrement exigeante avec une aisance et une dynamique toujours aussi phénoménales. Portés par une électricité indubitable, Matsuev et Temirkanov font bloc pour imposer une lecture échevelée du concerto, transcendé par des musiciens touchés par la magie des très grands soirs. La force dramatique traverse cette interprétation qui prend place dans la droite ligne des lectures des grandes figures légendaires du piano.


La soirée se termine par une exécution enlevée des Danses symphoniques de Rachmaninov dans laquelle la phalange pétersbourgeoise brille de mille feux. Si d’envoûtantes lignes mélodiques sont dédiées aux vents, en tous points remarquables ce soir, les cors impressionnent notamment par leur flexibilité et leur tenue de souffle. Cette œuvre s’avère d’ailleurs idéale pour mettre en valeur la qualité d’un orchestre, car elle permet à chacun de sortir de l’anonymat, avant de se fondre à nouveau dans d’éclatants tutti.


Signalons enfin l’une des nouveautés de l’édition 2013. En effet, à côté de stars comme Nelson Freire, les frères Capuçon ou Khatia Buniatishvili venus jouer dans la Venise des Alpes cette année, l’Annecy Classic Festival proposait également de découvrir de jeunes talents lors de concerts d’une cinquantaine de minutes qui se sont tenus dans la grande salle du château des Ducs de Savoie.


Le site de l'Annecy Classic Festival



Emmanuel Andrieu

 

 

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