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Bal électoral

Milano
Teatro alla Scala
07/09/2013 -  et 12, 15, 16, 19*, 20, 22, 25 juillet 2013
Giuseppe Verdi : Un ballo in Maschera
Marcelo Alvarez*/Piero Pretti (Riccardo), Zeljko Lucic*/Gabriele Viviani (Renato), Sondra Radvanovsky*/Oksana Dyka (Amelia), Marianne Cornetti*/Marina Prudenskaya (Ulrica), Patrizia Ciofi/Serena Gamberoni* (Oscar), Alessio Arduini (Silvano), Fernando Rado (Samuel), Simon Lim (Tom), Andrzej Glowienka (Un giudice), Giuseppe Bellanca (Un servo d’Amelia)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Daniele Rustioni (direction musicale)
Damiano Michieletto (mise en scène), Paolo Fantin (décors), Carla Teti (costumes), Alessandro Carletti (lumières)


M. Alvarez, Z. Lucic (© Teatro alla Scala)


Les festivités liées au bicentenaire de la naissance de Giuseppe Verdi se poursuivent à la Scala avec une nouvelle production du Bal masqué. On le sait, le compositeur a dû transposer le livret de son opéra de la Suède aux Etats-Unis sur ordre de la censure, transformant du coup le héros en gouverneur de Boston. Tout en gardant l’Amérique comme lieu de l’action, le metteur en scène Damiano Michieletto a choisi de moderniser la trame, la faisant se dérouler en pleine campagne électorale d’aujourd’hui. Entouré d’une équipe de professionnels aguerris, constamment affairés, Riccardo est candidat à sa propre réélection, à un poste qu’on imagine à hautes responsabilités, vraisemblablement la présidence des Etats-Unis. Oscar est à la fois son attachée de presse et son bras droit, alors que Renato, couvert d’un gilet pare-balles, officie comme garde du corps. Ulrica incarne ici une prêtresse d’une grande messe évangélique, sorte de gourou se vantant de pouvoir guérir les malades et les handicapés. Le bal masqué final devient un rassemblement destiné à galvaniser les foules à la veille de l’élection. A défaut d’être totalement convaincant, le spectacle a au moins le mérite d’être original et cohérent de bout en bout, avec notamment des mouvements de foule habilement agencés. Malheureusement, on ne touche pas impunément à Verdi en Italie, encore moins à la Scala, et toute l’équipe de production a été passablement chahutée le soir de la première. Mais ce n’est sûrement que partie remise pour Damiano Michieletto, un des metteurs en scène les plus prometteurs du moment. Comme il fait partie des artistes préférés d’Alexander Pereira, qui prendra ses fonctions à Milan en automne 2015, il y a fort à parier qu’on le reverra prochainement à la Scala.


Sans être exceptionnelle, la distribution de ce Bal masqué est solide et homogène. On retient d’abord le Renato sobre et noble de Zeljko Lucic, au phrasé impeccable et au legato exemplaire, incarnant un personnage tout en retenue et en nuances, plus affligé de douleur qu’assoiffé de vengeance, à l’opposé de son physique de « bodyguard » musclé. Sondra Radvanovsky éblouit par l’ampleur et la projection de sa voix, parfaitement maîtrisée sur toute la tessiture, quand bien même son Amélia manque quelque peu d’expressivité et de substance, tout le contraire du Riccardo passionné, ardent et généreux de Marcelo Alvarez, même si désormais les aigus sont moins brillants que par le passé. Il convient aussi de relever l’Ulrica énergique et menaçante de Marianne Cornetti, à la belle voix ample et ronde, ainsi que l’Oscar brillant de Serena Gamberoni, qui enchaîne avec une facilité déconcertante les vocalises de la partition.


Dans la fosse, Daniele Rustioni, qui n’a que 29 ans, ne ménage pas ses efforts pour offrir une lecture vive et contrastée, cherchant à maintenir en permanence la tension dramatique, mais ne s’encombrant ni de nuances ni de détails, ce qui a pour effet de provoquer l’ire de certains spectateurs. Alors que dans la plupart des autres théâtres lyriques de la planète, les chanteurs et le chef auraient été applaudis longuement et bruyamment, ils n’ont reçu à Milan que de très brefs applaudissements polis, sans plus, le public étant visiblement pressé de quitter le théâtre. Décidément, Verdi est ici le saint des saints et il ne fait pas bon se frotter à lui. Dommage, encore une fois. La tâche sera rude pour les artisans de La Traviata qui doit ouvrir en décembre la saison 2013-2014 (Dmitri Tcherniakov, Daniele Gatti, Diana Damrau et Piotr Beczala notamment).



Claudio Poloni

 

 

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