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Verdi et son Requiem : un jour éblouissant à Madrid

Madrid
Teatro Real
07/01/2013 -  et 3 juillet 2013
Giuseppe Verdi : Messa da Requiem

Lianna Haroutounian (soprano), Violeta Urmana (mezzo), Jorge de León (ténor), Ildebrando D’Arcangelo (basse)
Coro titular del Teatro Real (Coro Intermezzo), Andrés Máspero (chef de chœur), Coro de la Comunidad de Madrid, Pedro Teixeira (chef de chœur), Orquesta titular del Teatro Real (Orquesta sinfónica de Madrid), Teodor Currentzis (direction)


J. de León, T. Currentzis (© Javier del Real)


Il y a quantité de lieux communs à propos de la Messe de Requiem de Verdi: «le meilleur opéra de Verdi», par exemple. Il y en a un autre, préférable : «la Messe de Requiem appropriée de la part d’un auteur d’opéras». C’est aussi la Messe de Requiem d’un athée. Et pour la mémoire de Manzoni, l’auteur d’I promessi sposi, un des écrivains du siècle dans la vieille Italie, c'est-à-dire, dans une Italie devenue une nouvelle nation.


Le Teatro Real ne célèbre pas le bicentenaire de Verdi avec beaucoup d’éclat – il n’est certes pas obligatoire que les anniversaires dictent la programmation. On a pu entendre à deux reprises le Requiem, une heure et demie où le lyrisme réussit parfois à dominer le discours, mais où le dramatisme associé au Dies irae s’impose comme thématique et climat récurrents.


Teodor Currentzis, chef grec de formation russe, est devenu l’un des principaux chefs du Teatro Real et a en souvent dirigé l’orchestre dans la fosse. Un geste très exact, même implacable, mais provoquant l’éclat, et surtout l’éclatement; un sens de la mesure d’une théâtralité qui ne vient pas de Verdi, le dramaturge, au moins pas seulement de lui, mais de la Messe par elle-même, puisqu’une messe est un drame, une pièce de théâtre (autour, il est vrai, d’un miracle quotidien, la transsubstantiation) pendant laquelle alternent peurs et espérances. Le Requiem de Verdi n’est pas du tout celui de Fauré. Chez Verdi, il faut avoir peur, peur de la mort; ce n’est généralement pas le cas chez Fauré. Et les effets d’un chef dirigeant la Messe de Verdi sont légitimes s’ils impressionnent les âmes désabusées et blasées des spectateurs. Currentis a réussi, a réveillé les âmes, et les âmes lui ont accordé un triomphe dont il a été le premier protagoniste, malgré l’art incontestable d’un quatuor vocal d’un niveau enviable: Haroutounian, Urmana, de León et D’Arcangelo.


Une bonne prestation, à novueau, de l’Orchestre symphonique de Madrid, titulaire de la fosse du Teatro Real. Et, encore une fois, il faut faire l’éloge du Chœur du Théâtre, cette fois-ci renforcé par le Chœur de la Communauté de Madrid, dont le chef est le portugais Pedro Teixeira. On connaît bien le rôle capital du chœur dans le Requiem de Verdi. Les deux chœurs madrilènes, dirigés par Andrés Máspero, ont été a la hauteur d’une séquence aussi implacable que les gestes du chef, avec des expressions terribles comme les exclamations d’épouvante et de douleur du Dies Irae, aussi dramatique que la désolation du Tuba mirum, aussi riche que la séquence dilatée de l’Offertorium.


Le succès a dépassé les attentes. C’est (presque) la fin de la saison. Les jours sont longs. La peur de la Messe s’éloigne à la sortie: il fait encore jour, un jour lumineux, il fait chaud, pas trop. Plus de peur: les âmes regagnent l’oubli, néanmoins porteuses d’une émotion rémanente.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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