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Un Richard Jones assagi

München
Nationaltheater
05/18/2013 -  et 24, 29 mai, 2, 5, 8* juin 2013
Jacques Offenbach : Les Contes d’Hoffmann
Giuseppe Filianoti (Hoffmann), Kathleen Kim (Olympia), Ana María Martínez (Antonia), Dinara Alieva (Giulietta), Bernadette Leitner (Stella), Kevin Conners (Cochenille, Pitichinaccio, Frantz), John Relyea (Lindorf, Coppélius, Miracle), Tara Erraught (Nicklausse, Muse), Heike Grötzinger (Voix), Ulrich Ress (Spalanzani), Dean Power (Nathanaël), Tim Kuypers (Hermann), Christian Rieger (Schlémil), Joshua Stewart (Wilhelm), Christoph Stephinger (Crespel, Luther)
Chor der Bayerischen Staatsoper, Sören Eckhoff (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Emmanuel Villaume (direction)
Richard Jones (mise en scène), Giles Cadle (scénographie), Buki Schiff (costumes), Mimi Jordan Sherin (lumières), Lucy Burge (chorégraphies)


G. Filianoti (© Bayerische Staatsoper)


En coproduction avec l’English National Opera (ENO), le Nationaltheater de Munich remet à l’affiche, pour six représentations, une mise en scène des Contes d’Hoffmann signée par un habitué des lieux, le metteur en scène britannique Richard Jones, et étrennée in loco en novembre 2011, avec Rolando Villazón dans le rôle-titre. Ce soir, c’est le ténor italien Giuseppe Filianoti qui reprend le rôle du héros maudit.


A contrario de son Lohengrin iconoclaste monté ici même lors du festival d’été en 2009, Richard Jones propose ici une lecture très respectueuse du livret, mais qui gomme quelque peu l’aspect strictement fantastique de l’ouvrage, tout en réservant quelques spectaculaires moments de théâtre. Ainsi produits, ces Contes clairs, simples, sobres, dont les décors (conçus par Giles Cadle) et la proposition scénique participent d’un souci de précision et d’explication, vont droit au but.


Sous la battue d’Emmanuel Villaume, particulièrement apprécié et sollicité dans les pays germaniques, l’Orchestre d’Etat de Bavière fait preuve d’une souplesse et d’une clarté rares. Les tempi sont plutôt rapides, mais d’habiles ruptures, tels des gros plans cinématographiques, interrompent judicieusement le déroulement du spectacle, pour donner soudain plus de poids aux moments cruciaux du drame. Réalisant avec aisance la synthèse des divers styles musicaux de cette partition composite, le chef français parvient à faire scintiller chaque détail de l’instrumentation, tout en menant fermement à terme ce jeu de la faiblesse humaine, où humour et poésie diaphane alternent avec bonheur.


S’il n’est pas toujours intelligible, Giuseppe Filianoti offre une interprétation d’Hoffmann qui n’appelle que des éloges. On sait à quel point le rôle est éprouvant, mais jusqu’à la fin l’émission reste contrôlée, la ligne de chant superbe, le timbre radieux et les aigus vaillants, même si les plus exposés ont tendance à plafonner.
La soprano américano-coréenne Kathleen Kim remporte un vif succès en Olympia grâce à une quinte aiguë brillante, et à des ornements très réussis dans la reprise de son fameux air «Les oiseaux dans la charmille». La soprano espagnole Ana María Martínez, Antonia plutôt bien investie, offre, en revanche, de trop fréquentes ruptures de ton et des cassures trop répétées dans la ligne (que nous ne lui connaissions pas) pour s’imposer. Quant à l’Azérie Dinara Alieva, elle incarne une Giulietta pleine de sensualité, mais s’exprime dans un français qui laisse franchement à désirer.


En excellente santé vocale, la basse canadienne John Relyea (déjà présent en novembre 2011) campe de manière probante les quatre personnages diaboliques, en exploitant toutes les zones d’ombre. L’aspect vocal, trop abrupt, convainc beaucoup moins... Terra Erraught, qui incarne, avec une force de conviction très chaleureuse, le double rôle de la Muse et de Nicklausse, et Kevin Conners, qui fait valoir des ressources vocales étonnantes dans les quatre emplois bouffes, s’imposent sans peine sur l’ensemble des comparses, dont la musique est souvent confiée à des gosiers encore fragiles ou déjà fatigués.



Emmanuel Andrieu

 

 

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