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Triomphe pour Leo Nucci

Liège
Opéra royal de Wallonie
05/10/2013 -  et 12 mai 2013*
Giuseppe Verdi : I due Foscari
Leo Nucci (Francesco Foscari), Giuseppe Gipali (Jacopo Foscari), Sofia Soloviy (Lucrezia Contarini), Marie-Laure Coenjaerts (Pisana), Wojtek Smilek (Jacopo Loredano), Papuna Tchuradze (Barbarigo), Carmelo De Giosa (Fante del Consiglio), Patrick Pircak (Servo)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Marcel Seminara (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Paolo Arrivabeni (direction)


(© Jacky Croisier)


L’Opéra royal de Wallonie célèbre Verdi encore plus que d’habitude. Bicentenaire de sa naissance oblige, il programme des tubes (La Force du destin le mois dernier, Aïda l’année prochaine) mais aussi des raretés telles que Attila, à l’affiche du 20 au 28 septembre dans une mise en scène de Ruggero Raimondi, et I due Foscari (1844), représenté en version de concert à deux reprises durant ce mois de mai. Ces trois actes sur un livret de Francesco Maria Piave méritent d’être montés plus souvent à condition de les confier à des chanteurs d’exception, à un chef de premier ordre et à un metteur en scène qui ne confond pas imagination et provocation. Dans le cas contraire, autant s’abstenir.


La concision et la densité de la musique compensent les faiblesses dramaturgiques. Francesco Foscari, embryon du futur Simon Boccanegra, constitue un des plus beaux rôles de patriarche verdien alors que les autres personnages offrent en comparaison peu de relief. Se produisant pour la première fois sur la scène liégeoise, Leo Nucci a mis le public dans sa poche. «Questa è dunque l’iniqua mercede» provoque d’ailleurs une ovation telle que le baryton de soixante-et-onze ans le reprend immédiatement après avoir salué le chef, l’orchestre et les chœurs, comme si le concert venait de prendre fin. Avec des moyens encore considérables, un timbre magnifique et une autorité jamais forcée, le chanteur restitue les différentes facettes du Doge tiraillé entre le devoir dû à son rang et les sentiments qu’il éprouve pour son fils – la grande tradition du chant verdien. Jacopo Foscari bénéficie du style et de la prestance de Giuseppe Gipali qui traduit avec acuité le poids du destin s’abattant sur ses épaules. Le ténor compense grâce à la sophistication de son chant une voix certes séduisante mais chiche en couleurs et d’une ampleur étroite.


Le timbre de Sofia Soloviy offre peu d’attraits, encore que les graves s’avèrent suffisamment corsés, mais la soprano livre une Lucrezia Contarini sensible et digne. La ligne vocale, par moments amidonnée et indécise, manque d’agilité et d’éclat. Calculateur et imperturbable, confiné dans le même registre, Wojtek Smilek tire ce qu’il peut de Jacopo Loredano mais le compositeur et le librettiste exploitent trop sommairement ce rôle pourtant central. La distribution comporte également deux chanteurs formés en Belgique, Marie-Laure Coenjaerts et Papuna Tchuradze, qui se distinguent de belle façon en Pisana et Barbarigo. Formidable chef de fosse, embrassant ce répertoire avec toujours autant de passion, Paolo Arrivabeni dirige avec son élégance et sa flamme proverbiales un orchestre contrôlé et éloquent, même dans les détails, tandis que les chœurs peaufinés par Marcel Seminara se montrent impliqués et unis. Les spectateurs sont privés de sous-titres, probablement suite à un problème technique, l’Opéra royal de Wallonie prenant toujours le soin, au contraire du Vlaamse Opera, de les afficher dans les trois langues nationales.



Sébastien Foucart

 

 

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