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Le laminoir

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
05/08/2013 -  
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 3 «Héroïque», opus 55 (transcription Ferdinand Ries (*)
Edward Elgar : Quintette pour piano et cordes, opus 84 (#)

Amaury Coeytaux (* #), Pierre Fouchenneret (#) (violon), Adrien La Marca (*), Lise Berthaud (#) (alto), Victor Julien-Laferrière (*),Yan Levionnois (#) (violoncelle), Guillaume Vincent (*), Jonas Vitaud (#) (piano)


J. Vitaud (© Gilles-Marie Baldocchi)


Le programme du cinquième concert du dix-septième festival de Pâques de Deauville, diffusé en direct sur France Musique, était consacré à deux grands orchestrateurs, l’un célèbre figure titanesque et révolutionnaire, Ludwig van Beethoven (1770-1827), l’autre volontiers taxé d’emphatique et de victorien, dépassé par la modernité du vingtième siècle, Edward Elgar (1857-1934), mais au travers d’œuvres en donnant un éclairage original. En effet, après que la Deuxième Symphonie de Beethoven eut été proposée lors du premier concert le 27 avril dernier, c’est la réduction pour violon, alto, violoncelle et piano de la Troisième du maître par Ferdinand Ries (1784-1838), son élève et ami, qui fut tout d’abord interprétée, suivie par le rare Quintette pour piano et cordes de Sir Elgar.


Evidemment, la tentation était grande de se laisser aller à comparer la réduction avec l’Héroïque originale, même si l’on sait que sa création fut le fait d’un orchestre modeste dans une salle princière mais étriquée de Vienne, et donc de constater que les déflagrations beethovéniennes étaient passées méthodiquement au laminoir, moins sans doute que sous la plume de Franz Liszt mais bien aplaties quand même. Il revenait au piano de tout faire ou quasiment. Toute la puissance lui était dévolue, les cordes ayant quelque mal à s’imposer face à Guillaume Vincent au clavier, notamment dans le deuxième mouvement où elles paraissaient presque anecdotiques. L’homogénéité des cordes et leur justesse parfois défaillantes renforcèrent ce sentiment même si le piano avait tendance à claquer, les médiums de l’instrument semblant faiblir sur la fin. L’ensemble n’en restait pas moins d’une haute tenue, le bloc beethovénien conservant sa formidable unité, et la gageure était relevée somme toute, avec les moyens du bord, sachant qu’à l’évidence, on ne pouvait demander à cinq interprètes de remplacer un orchestre au complet.


La réalisation du Quintette d’Elgar fut d’un tout autre niveau. Encadré par deux «anciens», Lise Berthaud à l’alto et Amaury Coeytaux au violon, et cerné par l’imposant Jonas Vitaud et son Steinway, Pierre Fouchenneret au violon et Yan Levionnois au violoncelle furent impeccables. Après un premier mouvement, parfois brahmsien, où l’on put admirer autant la cohésion de l’ensemble que le geste ample des instrumentistes, n’excluant pas une certaine subtilité, notamment dans les curieux orientalismes de la partition, ils ne s’abandonnèrent pas à l’effusion facile dans le deuxième, sachant demeurer pudiques et délicats dans ce mouvement, assez énigmatique finalement, tandis qu’ils surent développer avec une belle probité de clairs plans sonores (avec notamment des sourdines) dans le dernier, parfaitement tenu.



Stéphane Guy

 

 

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