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Brillante fin de saison à Monte-Carlo

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Monte-Carlo (Opéra)
04/20/2013 -  et 23, 26, 28 avril 2013
Giuseppe Verdi : Stiffelio
José Cura (Stiffelio), Virginia Tola (Lina), Nicola Alamo (Stankar), Bruno Ribeiro (Raffaele), José Antonio Garcia (Jorg), Maurizio Pace (Federico), Diana Axentii (Dorotea)
Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo, Stefano Visconti (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra de Monte-Carlo, Maurizio Benini (direction)
Guy Montavon (mise en scène et lumières), Francesco Calcagnini (décors et costumes)


(© Opéra de Monte-Carlo)


Ouvrage étonnant que le Stiffelio de Verdi: trois ans avant La Traviata, où le compositeur essaiera à nouveau d’imposer une situation contemporaine, le livret transgresse toutes les règles: l’héroïne, au lieu d’expier sa faute et de trouver la purification dans la mort comme Gilda ou Violetta, ne connaît pas le Dio vendicator, mais retrouve l’amour de son mari qui, magnanime, lui (r)ouvre les bras. Un véritable choc dans l’Italie cléricale où la censure exerçait un grand pouvoir. L’hostilité des Italiens envers la culture protestante ne risquait pas de rendre plus captivant le nouveau Stiffelio qui, refusé en bloc, connaîtra un deuxième échec en 1857, dans sa version remaniée d’Aroldo: dans cette mouture, un chevalier découvre l’infidélité de son épouse en rentrant des croisades. Mais Verdi croyait trop en son œuvre pour que tôt ou tard, la postérité ne lui donne raison.


L’Opéra de Monte-Carlo, en coproduction avec le Teatro Regio de Parme, bénéficie de la belle mise en scène de Guy Montavon. L’homme de théâtre suisse parvient à saisir à la perfection l’esprit musical de Verdi et, avec son scénographe Francesco Calcagnini (qui signe également les costumes), propose un décor rigoureux, essentiel, suivant la partition à la lettre, sévère et grave, à l’image du livret. Il fait du drame de Stiffelio un véritable huis clos, où une morale mesquine étouffe le moindre élan. Les parois grises et les costumes noirs que l’Italien a dessinés soulignent toute l’étroitesse du fanatisme religieux et permettent d’illustrer chaque scène dans une continuité de lecture serrée, tendue, à l’image du tempo du compositeur. Le temple où le chœur, au III, ne cache pas sa surprise, voire sa colère, en entendant son pasteur clamer tout haut «Perdonata!», évoque presque une prison dans son dépouillement. Jouée de cette manière, avec un seul entracte, la dramaturgie de Stiffelio ne paraît pas inférieure à celles des «grands» Verdi.


La soprano argentine Virginia Tola révèle, dans le rôle de Lina, une voix ample et éclatante, qui s’élève sans problème au dessus des fortissimi de l’orchestre, comme dans le redoutable air «Ah, dagli scanni eterei». Mais le timbre s’avère sans grande séduction, et surtout la caractérisation est très en retrait, plutôt inapte à traduire les tourments et conflits de la femme adultère. Dans le rôle-titre, son compatriote José Cura se montre autrement convaincant sur le plan dramatique (on pouvait s’y attendre), même s’il est parfois difficile de distinguer son pasteur protestant d’Otello, son rôle «fétiche» avec Samson. Vocalement, José Cura affiche toujours une incroyable santé vocale, dans une tessiture centrale qui ne sollicite cependant jamais trop son aigu, ce qui lui permet de soigner sa ligne de chant, un rare bonheur pour les oreilles.


Mais à l’applaudimètre, c’est Nicola Alaimo qui, dans la partie de Stankar, remporte le plus éclatant succès de la soirée. On ne sait en effet qu’admirer le plus chez le baryton italien: l’émail du timbre, la beauté de la ligne ou encore son legato exemplaire, qui font merveille dans le superbe air du III («Lina, pensai che un angelo»), lui valant une ovation méritée de la part du public. José Antonio Garcia apporte à Jorg une indéniable autorité face au jeune ténor brésilien Bruno Ribeiro qui, même s’il parvient à rendre intéressante la figure ingrate de Raffaele, le séducteur de Lina, fait valoir une voix encore un peu verte.


Quant au magnifique Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, il impose, sous la battue précise de l’excellent chef italien Maurizio Benini, une sensibilité et une délicatesse dans le phrasé qui mettent en relief les subtilités instrumentales de la partition, tout en préservant l’intensité des grands ensembles, particulièrement nombreux dans Stifellio. Précisons que le chœur maison, irréprochablement préparé par Stefano Visconti, participe grandement au triomphe rencontré par le spectacle.



Emmanuel Andrieu

 

 

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