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En costumes d’époque Liège Opéra royal de Wallonie 04/18/2013 - et 21*, 23, 26, 28 avril (Liège), 2 mai (Charleroi) 2013 Giuseppe Verdi : La forza del destino Fabio Armiliato/Zvetan Michailov* (Don Alvaro), Daniela Dessi (Donna Leonora di Vargas), Giovanni Meoni (Don Carlo di Vargas), Domenico Balzani (Fra Melitone), Carla Dirlikov (Preziosilla), Luciano Montanaro (Il Padre Guardiano), Pierre Gathier (Il Marchese di Calatrava), Giovanni Iovino (Trabuco), Laura Balidemaj (Curra), Alexei Gorbatchev (Un alcade), Benoît Delvaux (Un chirurgo)
Chœurs de Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Marcel Seminara (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Paolo Arrivabeni (direction)
Francesco Maestrini (mise en scène), Guillermo Nova (décors), Luca Dall’alpi (costumes), Pascal Merat (lumières), Edith Quignon (chorégraphie)
(© J. Croisier)
Dès une Ouverture prompte et théâtrale, Paolo Arrivabeni impose une ardeur et une fermeté qu’il maintiendra durant la représentation bien qu’il atténue heureusement le volume dans les passages cléments. Exalté par son directeur musical, l’orchestre dispense un niveau d’engagement, de finition et de cohésion sans aucune mesure avec les prestations plus banales relevées dans les récentes Fiancée du Far-West et Italienne à Alger, alors que les chœurs, préparés par Marcel Seminara, se montrent plus constants.
La distribution suscite peu d’enthousiasme. Zvetan Michailov, qui remplace Fabio Armiliato en Don Alvaro pour deux représentations, possède le format requis et chante bravement, mais le timbre se caractérise par une palette étroite et peu méridionale. La confrontation avec le Don Carlo lui aussi vaillant de Giovanni Meoni ne manque pas d’intensité. Le baryton, qui interprète le personnage pour la première fois, prouve qu’il trouve dans le répertoire verdien des rôles à la mesure de sa voix puissante et de son cantabile stylé. Daniela Dessi affiche des signes d’usure : si elle tient la ligne et montre de l’aisance, à défaut d’une présence, la soprano impose un timbre rêche et un vibrato incommodant. Disposant chacun d’une voix solidement charpentée, encore que celle du second manque de profondeur, Domenico Balzani et Luciano Montanaro, respectivement Fra Melitone et Padre Guardiano, composent avec adresse et sans forcer le trait ces deux moines si dissemblables. La Preziosilla de Carla Dirlikov a quant à elle le verbe véhément et la posture cambrée d’une Carmen.
(© J. Croisier)
La mise en scène relève de la mise en place : chacun sait où il doit se positionner et quel geste adopter. Francesco Maestrini propose une lecture narrative et illustrative au risque de sombrer dans le cliché et la littéralité. La déception provient d’un jeu d’acteur rudimentaire et convenu, voire figé, comme dans le troisième acte lorsque, durant le «Rataplan», les protagonistes prennent la pose comme sur une photographie de classe. Néanmoins, cette approche sans risque se conforme à la politique de l’Opéra royal de Wallonie, qui ménage son public contrairement au Vlaamse Opera qui a produit l’année passée une Force du destin plus novatrice. L’approche de ces deux maisons belges diffèrent considérablement et c’est tant mieux : chacun opte en fonction de ce qu’il préfère voir. Restent les décors très réalistes de Guillermo Nova, magnifiquement éclairés par Pascal Merat, qui jouent sur les contrastes entre les différentes scènes ainsi que sur les effets de relief et de profondeur grâce notamment à l’utilisation d’un rideau de tulle. Luca Dall’alpi signe des costumes d’époque qui, comme la scénographie, ravirent certainement les habitués de cette salle qui forment un toujours aussi bon public.
Sébastien Foucart
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