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Farce noire

Zurich
Opernhaus
04/07/2013 -  et 10*, 13, 17, 20, 23, 28 avril, 3 mai, 19, 21 juin 2013
Dimitri Chostakovitch : Lady Macbeth de Mzensk, opus 29
Gun-Brit Barkmin (Katerina Ismailowa), Kurt Rydl (Boris, Le fantôme de Boris), Benjamin Bernheim (Sinowij), Brandon Jovanovich (Sergei), Kismara Pessatti (Axinja), Julia Riley (Sonetka), Lidiya Filevych (Une prisonnière), Michael Laurenz (Le paysan miteux, Le cocher, Un ouvrier), Valeriy Murga (Un policier), Pavel Daniluk (Le pope, Un vieux forçat), Tomasz Slawinski (L’inspecteur de police, Une sentinelle, Un sergent), Christoph Seidl (Un serviteur), Ilker Arcayürek (L’instituteur), Roberto Ortiz (Un ouvrier), Benjamin Russell (Un ouvrier), Robert Weybora (Un ouvrier du moulin)
Chor der Oper Zürich, Ernst Raffelsberger (préparation), Philharmonia Zürich, Teodor Currentzis*/Vassily Sinaisky
Andreas Homoki (mise en scène), Hartmut Meyer (décors), Mechthild Seipel (costumes), Franck Evin (lumières), Claus Spahn (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


Tragique et satirique. C’est ainsi que Chostakovitch qualifiait son opéra Lady Macbeth de Mzensk. Pour sa deuxième mise en scène de la saison depuis qu’il a repris les rênes de l’Opernhaus de Zurich, Andreas Homoki a choisi le parti du grotesque pour signer un magnifique spectacle, fort et prenant, qui fera date, à n’en pas douter, dans l’histoire des représentations de l’œuvre. Le metteur en scène a abordé l’ouvrage pour la première fois il y a 25 ans, lorsqu’il était assistant d’Harry Kupfer à Cologne. Ce dernier s’étant cassé un pied durant les répétitions, c’est Andreas Homoki qui a dû reprendre le flambeau pour les derniers jours de travail. Dans cette nouvelle production zurichoise, tous les personnages sont des caricatures, à l’exception de Katarina et de Sergei. L’univers de brutes mis en musique par Chostakovitch, composé exclusivement d’hommes, qui reflète les instincts les plus bas et les plus vils de l’être humain et dont le seul rayon de lumière est Katarina, apparaît ici comme une gigantesque farce. Les couleurs vives des costumes et des décors, dans des tons essentiellement rouges, mauves et verts, viennent admirablement renforcer l’aspect burlesque. Le mari de Katarina n’est qu’un pantin difforme sans caractère, alors que le beau-père, particulièrement brutal, semble sorti tout droit d’un cirque, avec son fouet et sa veste écarlate aux larges épaulettes jaunes. Le cirque vient aussi tout naturellement à l’esprit lorsque des musiciens font leur apparition sur scène habillés et grimés en clowns. Ce n’est que dans la seconde partie du spectacle, après l’intervention de la police et l’arrestation des deux amoureux pour un camp de concentration, que l’on bascule complètement de la farce à la tragédie. Traiter avec humour et sur un ton décalé l’un des ouvrages lyriques les plus violents et les plus déprimants du répertoire, avec son lot de viols et de meurtres, est le défi qu’a brillamment relevé Andreas Homoki.


Il faut dire que le metteur en scène a pu compter sur un chef d’orchestre particulièrement inspiré et une équipe de chanteurs-acteurs de haut niveau et particulièrement homogène. Pour ses débuts dans la fosse zurichoise, Teodor Currentzis a fait très forte impression. Le jeune chef a su ciseler en orfèvre une partition qui, au moindre dérapage, peut très vite devenir chaotique et bruyante, avec ses nombreux passages où l’écriture orchestrale se veut crûment réaliste et fataliste. La soprano Gun-Brit Barkmin a ébloui par son interprétation de l’héroïne, tant scéniquement, par sa présence électrisante et son identification totale au personnage, que vocalement, par ses ressources impressionnantes, mises en valeur tout autant dans les moments lyriques que dans les pages plus passionnées et violentes. Ancien pilier de la troupe de l’Opéra de Vienne, Kurt Rydl a démontré lui aussi un fort engagement scénique pour incarner un beau-père véritable monstre de cruauté, un personnage rendu encore plus crédible par le large vibrato et l’usure de la voix du chanteur. Le ténor américain Brandon Jovanovich a campé un Sergei solide, tant physiquement que vocalement. Les rôles secondaires méritent tous des éloges, de même que le Chœur de l’Opernhaus. Un spectacle qui vous prend comme rarement, et qui restera dans les annales de l’Opernhaus.



Claudio Poloni

 

 

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