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Pâques à Lucerne

Lucerne
Centre de la Culture et des Congrès
03/20/2013 -  et 7, 8 10 (Los Angeles), 16 (London), 23 (Paris), 27 (New York) mars 2013
John Adams: The Gospel According to the Other Mary
Kelley O’Connor (Mary Magdalene), Tamara Mumford (Martha), Russell Thomas (Lazarus), Daniel Bubeck, Brian Cummings, Nathan Medley (narrateurs), Michael Schumacher, Anani Sanouvi, Troy Ogilvie (danseurs)
Los Angeles Master Chorale, Grant Gershon (préparation), Los Angeles Philharmonic, Gustavo Dudamel (direction musicale)
Peter Sellars (mise en scène), James Darrah (assistant à la mise en scène), Mark Grey (régie son), James Ingalls (lumières), Ben Zamora (assistant lumières), Dunya Ramicova (costumes), Helene Siebrits (assistante costumes)


(© Lucerne Festival/Peter Fischli)


Le Festival de Lucerne fête cette année son soixante-quinzième anniversaire. On l’oublie souvent, la célèbre manifestation se décline en trois rendez-vous annuels : à Pâques, en été ainsi qu’en novembre, où le piano est mis à l’honneur. Pour son édition pascale 2013, le Festival a frappé un grand coup en reformant, pour deux soirs, le couple mythique Martha Argerich-Claudio Abbado, qui, après une intense collaboration dans les années 1950 et 1960, s’était quelque peu perdu de vue. Pour l’occasion, la pianiste argentine s’est frottée à Mozart, un compositeur qu’elle n’a guère pratiqué au cours de sa carrière. Au-delà de la performance musicale, on retiendra de ces soirées l’image forte en émotions du chef et de sa soliste retournant sur scène main dans la main pour les saluts, se souriant mutuellement et conversant tranquillement comme s’ils étaient seuls au monde, visiblement peu soucieux des applaudissements, des bravos et de l’ovation debout du public lucernois.


L’autre point fort de la manifestation aura été la venue du Los Angeles Philharmonic et de son chef titulaire, Gustavo Dudamel, pour deux concerts. Au programme du premier : The Gospel According to the Other Mary, un oratorio de John Adams créé à Los Angeles en mai 2012 dans sa version concertante et le 7 mars 2013 dans sa version scénique, la mise en scène ayant été confiée à Peter Sellars, qui a signé par ailleurs le livret de l’œuvre, collage de citations extraites de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que de textes de Dorothy Day, Louise Erdrich, Primo Levi, Rosario Castellanos, June Jordan, Hildegard von Bingen et Ruben Dario. C’est la version scénique qui a été présentée à Lucerne, dans le cadre d’une grande tournée passant aussi par Londres, Paris et New York. The Gospel est le pendant pascal de l’oratorio de Noël El Nino, qui a vu le jour à Paris en 2000. Alors que El Nino est fondé sur la Nativité et inspiré par Le Messie de Händel, The Gospel retrace les derniers jours de la vie de Jésus dans une perspective féminine et contemporaine et se réclame musicalement des Passions de Jean-Sébastien Bach. Les scènes traditionnelles de la Passion sont complétées par quelques séquences « modernes » relayant des thèmes tels que la drogue, la violence, le chômage, la précarité, l’injustice sociale ou encore les femmes battues, symbolisant la présence de Jésus parmi les défavorisés et les plus pauvres. « L’autre Marie » du titre fait référence à Marie-Madeleine, qui a assisté à l’agonie du Christ au pied de la croix.


Ambitieuse, sombre et sobre, la partition a été écrite pour un effectif moyen, mais avec une section percussions renforcée. Si elle comporte indubitablement des longueurs qui ont fait fuir une partie du public à l’entracte (John Adams était censé composer une œuvre de 90 minutes, qui dure finalement une bonne heure de plus), elle n’en contient pas moins des passages d’une grande beauté et d’une forte intensité, comme la mort de Lazare, ses retrouvailles avec ses sœurs après sa résurrection, le supplice du Christ sur le Mont du Golgotha ou les trois jours passés par Jésus dans la tombe, sans parler des airs poignants comme le « Tell me : how is this night » de Lazare. Six solistes et trois danseurs prennent place en alternance sur une estrade surélevée à la gauche du chef ou autour d’une table à sa droite. Les danseurs sont des doubles des personnages. Trois contre-ténors assument le rôle narratif de l’évangéliste, dans des solos ou des trios. Si la mezzo Kelley O'Connor campe une Marie lumineuse et le contralto Tamara Mumford une Marthe au noble caractère, c’est le ténor Russell Thomas en Lazare qui capte d’abord l’attention par la ferveur de son chant. Placés derrière l’orchestre, les choristes agissent soit en spectateurs détachés, soit en participants vindicatifs. A tous les spectateurs qui sont restés jusqu’au bout, cette soirée laissera le souvenir d’un moment particulièrement fort et original, quand bien même pas totalement abouti.



Claudio Poloni

 

 

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