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Du belcanto, malgré tout

Madrid
Teatro Real
03/03/2013 -  et 7* Mars 2013
Gaetano Donizetti: Roberto Devereux
Edita Gruberova (Elisabetta), José Bros (Roberto Devereux), Sonia Ganassi (Sara), Vladimir Stoyanov (Nottingham), Mikeldi Atxalandabaso (Lord Cecil), Simón Orfila (Sir Raleigh)
Chœur et Orchestre du Teatro Real, Andrés Máspero (directeur du chœur), Andriy Yurkevych (direction musicale)


(© Javier del Real)


Robert Devereux est un de chefs-d’œuvre du prolifique Donizetti, mais il s’agit d’un titre devenu relativement rare. On ne joue pas très souvent cet opéra que l’on peut qu’on peut rattacher au belcanto tardif. En tous les cas, beaucoup moins que ses « sœurs » Anna Bolena ou Maria Stuarda, toutes trois portant le peu recommandable nom de Tudor. Cet opéra est l'une des maintes variations sur le thème Elisabeth & Essex : des tragédies et d’autres pièces de théâtre, des opéras jusqu’à nos jours (Gloriana, de Britten), ou même de films. En Espagne, au cours des années 70, une pièce sur ce sujet, Contradanza, de Francisco Ors, a connu un succès inouï et mérité.



En version de concert, l’Ukrainien Andriy Yurkevych dirige avec énergie et vitalité l’Orchestre du Teatro Real, tous deux agiles et au service des voix, avec une volonté de discrétion parfois exagérée dans les passages chantés. Il est vrai que l’orchestre de Donizetti n’est pas à la hauteur de compositeurs postérieurs. Très souvent, ici, l’ensemble devient chambriste (avec un soliste, souvent la clarinette, ou le hautbois) laissant la voix s’épanouir.



Les célébrités invitées (Gruberova, Gros, Ganassi) ont créé une attente considérable. Surtout parce qu’il s’agit du titre belcantiste d’un compositeur (roi de théâtres lyriques pendant quatre décades après sa redécouverte) un peu négligé par les directeurs artistiques voulant fuir la routine. Il fut un temps, pas trop lointain, où le Gran Teatre del Liceu de Barcelone était le temple donizettien de nombreuses mises en scènes kitsch, vocalement extraordinaires parfois. Ce n’est plus le cas, et une partie importante du public souhaitent maintenant entendre de la musique de ce compositeur.



Gruberova est brillante, dotée d’un incontestable vibrato, avec un medium toujours beau, toujours perçant. Hélas, elle est assez peu belcantiste. Aussi triche-t-elle : peu de legato, pas de filato, de sérieuses difficultés dans le grave, et des aigus souvent hurlés. Et malgré tout, on prend du plaisir à l’entendre. Du moins la plupart du temps mais certainement pas dans la dernière scène (son abdication devant l’horreur de sa vie politique et privée) qu’elle ne sauve du naufrage que par son côté « brillant» mais où elle échoue devant toutes les exigences vocales .


Pour l’Espagnol de Barcelone José Bros, c’est tout le contraire. Il est belcantiste dans le phrasé, dans le legato, dans le lyrisme. Il brille dans ses airs et duos, tout particulièrement dans son « adieu à la vie » au troisième acte, pendant l’attente de son exécution à la Tour de Londres. Bros est très bon dès le début, mais avec sa double série d’airs (« Ed ancor la tremenda porta… »/« Come uno spirto angelico » et « A morte! a morte! »/« Bagnato il sen di lagrime ») il atteint l’excellence : beauté de l’émission, maturité vocale avec un timbre jeune et léger tout à fait insurpassables.



La mezzo italienne Sonia Ganassi progresse au fil des actes pour, elle aussi, atteindre l’excellence aux deuxième et troisième. La voix belcantiste est d’une épaisseur qui sait se faire légère ou dramatique selon les moments. Ganassi et le baryton bulgare Vladimir Stoyanov sont convaincants, brillants même, dans l’un des moments les plus intenses, le duo « All'ambascia ond'io mi struggo/Più tremendo avvampa e rugge ». Deux surprises de luxe pour des rôles secondaires, plutôt épisodiques: un très bon ténor, Mikeldi Atxalandabaso (Sir Cecil), et le baryton Simón Orfila (Sir Raleigh) pour une soirée malgré tout réussie.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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