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De beaux moments quand même

Paris
Opéra Bastille
02/17/2013 -  et 20, 24, 28 février, 3, 6, 10 mars, 19 juin 2013
Richard Wagner: Die Walküre

Stuart Skelton (Siegumnd), Günther Groissböck (Hunding), Egils Silins*/Thomas Johannes Mayer (Wotan), Alwyn Mellor*/NN (Brünnhilde), Martina Serafin (Sieglinde), Sophie Koch (Fricka), Kelly God (Gerhilde), Carola Höhn (Ortlinde), Silvia Hablowetz (Waltraute), Wiebke Lehmkuhl (Schwertleite), Barbara Morihien (Helmwige), Helene Ranada (Siegrune), Ann-Beth Solvang (Grimgerde), Louise Callinan (Rossweisse)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan (direction)
Günter Krämer (mise en scène)


S. Skelton, M. Serafin (© Opéra national de Paris Elisa Haberer)


Non, on n’entonnera pas la sempiternelle litanie de la décadence du chant wagnérien. On en voudra surtout à l’Opéra de Paris de n’avoir pas su trouver des chanteurs adéquats – on affiche, ailleurs, Nina Stemme, Jonas Kaufmann, Albert Dohmen ou Bryn Terfel… Question de puissance ? D’abord de tessiture. Il faut, pour La Walkyrie, des voix au médium et au grave bien assis : rien à voir, pour Brünnhilde, entre le cri de guerre, aux redoutables aigus, et l’annonce de la mort, qu’un mezzo chanterait sans difficulté ; Wotan est un baryton-basse, un hoher Bass, comme disent les Allemands ; Siegmund a une tessiture très centrale. Or Alwyn Mellor ne possède que la moitié des notes de la vierge guerrière, Egils Silins semble plutôt fait pour Kurwenal ou Amfortas, Suart Kelton manque de soutien dans le cœur de la voix. Autant dire que le « Siegmund, sieh auf mich », une partie de la confession de Wotan, le récit de Siegmund, nous laissent sur notre faim.


Ailleurs, ils offrent heureusement de beaux moments. Le ténor australien nuance son Wälsung, phrase son hymne au printemps, handicapé malgré tout par une émission trop en arrière. Le troisième acte réussit mieux à Alwyn Mellor que le deuxième, inauguré par des « Hojotoho » arrachés : elle réussit même à y émouvoir. Il n’empêche : l’inadéquation des moyens à l’emploi reste évidente. Egils Silins se trouve également beaucoup plus à l’aise sur le rocher, donne une belle présence au père et au dieu, fait vite oublier un Or du Rhin trop pâle. Ce troisième acte, de plus, révèle pleinement la Sieglinde irradiante de Martina Serafin – il flatte beaucoup son soprano lumineux, probablement plus adapté à Elisabeth ou Elsa. C’est, nonobstant quelque faiblesse, chez elle aussi, du bas de la voix, la meilleure de tous, victime de la brutalité du Hunding noir de Günther Groissböck. Sophie Koch, enfin, séduit beaucoup moins que dans L’Or du Rhin : la voix vibre beaucoup trop, comme si elle cherchait la tessiture de Fricka, peut-être moins adaptée aujourd’hui à son évolution.


Bref, le compte n’y est pas vraiment, d’autant plus que Philippe Jordan déçoit, cette fois – mais on gagne rarement à l’entendre un soir de première. La magnifique performance orchestrale, très applaudie par ses musiciens, va de pair avec un manque d’urgence dramatique qui rend le premier acte ennuyeux – le récit de Siegmund, déjà vocalement problématique, tombe à plat. La direction se tend davantage ensuite, mais manque de souffle.


La mise en scène ? Certes Günter Krämer a modifié tel ou tel détail, plus que dans L’Or du Rhin, il a, ici aussi, affiné sa direction d’acteurs. Mais l’omniprésence des pommes de Freia ne pèse pas moins lourd, les Walkyries ne prêtent pas moins à sourire lorsqu’elles s’affairent à la toilette des guerriers destinés au paradis des héros… Cette lecture ne trouve pas sa voie entre la grandiloquence, le réalisme distancié jusqu’à la parodie, les références à l’histoire allemande – ou plutôt aux histoires allemandes. Il y a trop et pas assez, comme si, au lieu de proposer autre chose, la production se contentait de digérer – ou de recycler – des choses déjà vues depuis des décennies. L’inverse du Parsifal revu par Stefan Herheim à Bayreuth, par exemple, qui a su trouver une unité en parcourant l’Histoire. On s’accroche toujours désespérément à quelques bonnes idées : Wotan montrant à Fricka le cadavre de Siegmund, dont il prend congé, comme de Brünnhilde, à la fin de l’opéra. Attendons Siegfried, maintenant.



Didier van Moere

 

 

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