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Des brumes à la lumière

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
02/13/2013 -  
Leos Janácek : V mlhách
Franz Schubert : Impromptus, D. 935
Serge Rachmaninov : Sonate pour piano n°1, opus 28

Nikolaï Lugansky (piano)


N. Lugansky (© Caroline Doutre)


Le public doit patienter dix longues minutes avant que Nikolaï Lugansky n’apparaisse sur scène : l’équipe technique ne parvenait pas à régler l’éclairage de la salle qui baignera finalement sous une lumière blafarde franchement désagréable. Pourquoi passer cet incident sous silence compte tenu de la notoriété des artistes qui se produisent au Bozar et du prix exigé pour les écouter ?


Dans les brumes (1912) de Janácek affiche un niveau de jeu élevé qui se maintiendra durant la soirée : sonorité épanouie, dynamique impeccable, geste précis. Les contrastes thématiques et la densité de l’écriture s’exposent dès lors naturellement mais, s’il restitue de façon nuancée la poésie de ce cycle, le pianiste atténue les accents propres au compositeur. Les Impromptus D. 935 (1828) de Schubert confirment le sang-froid de Lugansky mais l’interprétation convainc modérément en ce sens que l’émotion ne surgit que trop peu souvent. A tout prendre, il aurait fallu moins de contrôle mais plus d’abandon. Le Troisième, par exemple, tire en longueur à cause de passages désincarnés – ce fichu éclairage n’arrange pas les choses. Restent un phrasé somptueux, une articulation impeccable et, de nouveau, une sonorité peaufinée autant que possible, c’est-à-dire sans crispation ni dureté.


La Première Sonate (1907) de Rachmaninov occupe la seconde partie, qui se déroule sous une lumière enfin réglée convenablement. Lugansky observe cette œuvre de vastes proportions avec autant d’égards que s’il s’agissait d’une des dernières Sonates de Beethoven. Structurée, évidente et habitée, l’interprétation révèle les détails insoupçonnés de cette œuvre débordante de notes et d’énergie, d’une richesse quasiment orchestrale. Le pianiste joue avec une objectivité et une absence de complaisance qui conviennent à cette musique qu’il ne sert à rien de surcharger d’intentions. Grâce à une telle perfection, la Première paraît aussi belle que la Seconde, qu’il a également enregistrée récemment.


En résidence au Bozar durant toute la saison, Lugansky reviendra une troisième fois le 20 juin pour un concert gratuit : accompagné de l’Orchestre national de Belgique, il jouera le Deuxième Concerto de Rachmaninov qui demeure, décidément, un de ses compositeurs de prédilection.



Sébastien Foucart

 

 

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