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Le phénomène Glennie

Paris
Salle Pleyel
11/24/2000 -  
Askell Másson : Concerto pour caisse claire (création française)
Stewart Wallace : Gorilla in a cage (création française)
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 11, "L'année 1905", opus 103


Evelyn Glennie (percussion)
Orchestre philharmonique de Radio-France, Leonard Slatkin (direction)

Etonnante combinaison de concentration et de survoltage, Evelyn Glennie ne manque d’aucun des attributs de la virtuosité: talent extraverti, bien sûr, mais aussi fantastique (la percussionniste écossaise est malentendante) et excentrique (elle se produit nu-pieds). Mais elle démontre malheureusement une fois de plus que la virtuosité ne fait pas toujours bon ménage avec la qualité des œuvres, tant un monde sépare les deux partitions dont elle assurait la création française.


Le bref Concerto pour caisse claire (1982) de l’islandais Askell Másson, véhémente protestation qui semble déjà annoncer la symphonie de Chostakovitch, concilie qualité de l’inspiration, exploitation des ressources (souvent insoupçonnées) de l’instrument et expression des facultés techniques de l’interprète. La soliste fait preuve non seulement d’un engagement physique spectaculaire, qui lui permet d’obtenir un volume sonore à la limite de l’insoutenable, mais aussi d’une maîtrise totale de ses moyens, qu’illustrent par exemple un roulement progressivement créé à partir d’une obsédante accélération du rythme ou un très lent diminuendo sur un roulement entamé fortissimo et achevé dans le quasi inaudible.


Créé, quant à lui, pour Evelyn Glennie, Gorilla in a cage (1997) de Stewart Wallace fait référence à une impression psychique ressentie par la tante du compositeur, atteinte d’un cancer. Inutilement bavard (vingt-cinq minutes), d’une structure que l’on qualifiera de rhapsodique, si l’on est bienveillant, ou de brouillonne, si on l’est moins, ce concerto fait appel à un vaste ensemble de percussions, incluant l’inhabituel batonka (série de tubes couvrant deux octaves et frappés avec des baguettes en mousse). Au début, les percussions (tambours) couvrent presque complètement l’orchestre, mais c’est pour laisser la place, dès que l’on passe aux percussions à sonorité déterminée, à une orchestration sans intérêt et un langage d’une navrante puérilité, mélange de Bernstein répétitif et de tendances new age. Trop souvent, la démonstration paraît vide de sens et va bien au-delà de l’acceptable en matière de kitsch musical. Les musiciens, scrupuleusement menés par Leonard Slatkin, sourient d’un air entendu et le public salue la performance de la soliste, qui se fait également chanteuse (?), au début et à la fin de l’œuvre, en vagissant de vagues mélismes, amplifiés avec un écho excessif.


Comme quoi, la virtuosité tient parfois autant du spectacle, pour ne pas dire du sport ou du cirque, que de la musique.


Rien de tel en seconde partie, où Slatkin obtient une parfaite combinaison d’intransigeance et de brio. D’un dépouillement idéal, mat, pensif et analytique dans La place du palais, plus lyrique dans Mémoire éternelle, le chef américain, soucieux de lisibilité et mettant en valeur les timbres, évite toute boursouflure et ménage ses effets. Il suscite manifestement l’adhésion de l’orchestre, qui se révèle à nouveau d’une qualité exceptionnelle, notamment les pupitres des bois et des cors, d’une précision irréprochable. Tendue de la première à la dernière mesure, cette interprétation rend également justice aux deux mouvements vifs, Le Neuf janvier et Le tocsin, cinglants ouragans sonores.


Concert retransmis sur France-Musiques le mercredi 3 janvier à 20 heures.




Simon Corley

 

 

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