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Falstaff façon fifties

Milano
Teatro alla Scala
01/15/2013 -  et 20, 23, 26*, 29, 31 janvier, 2, 6, 8, 12 février 2013
Giuseppe Verdi: Falstaff
Ambrogio Maestri*/Elia Fabbian/Bryn Terfel (Sir John Falstaff), Fabio Capitanucci*/ Massimo Cavalletti (Ford), Francesco Demuro*/Antonio Poli (Fenton), Carlo Bosi (Dr. Cajus), Riccardo Botta (Bardolfo), Alessandro Guerzoni (Pistola), Carmen Giannattasio (Mrs. Alice), Irina Lungu*/ Ekaterina Sadovnikova (Nannetta), Laura Polverelli*/Manuela Custer (Mrs. Meg), Daniela Barcellona*/ Marie-Nicole Lemieux (Mrs. Quickly)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Daniel Harding (direction musicale)
Robert Carsen (mise en scène), Paul Steinberg (décors), Brigitte Reiffenstuel (costumes), Robert Carsen, Peter Van Praet (lumières)


A. Maestri, C. Giannattasio (© Amisano/Teatro alla Scala)


Le nouveau Falstaff de la Scala – une coproduction avec Londres, où le spectacle a été créé en mai de l’année dernière – marque le début à Milan des festivités du bicentenaire de la naissance de Giuseppe Verdi. Le célèbre théâtre présentera cette année pas moins de huit œuvres du compositeur italien, dont le très rare Oberto, son tout premier opéra. Le point d’orgue aura lieu en décembre, avec une nouvelle Traviata déjà très attendue.


Avec Falstaff, Robert Carsen ajoute une nouvelle réussite à un long palmarès. Le metteur en scène canadien a habilement choisi de transposer l’action dans l’Angleterre des années 1950, à l’époque de l’émergence d’une nouvelle «middle class», un brin rustre et vulgaire, qui ose se mesurer à une aristocratie décadente, vivant toujours dans la croyance selon laquelle ses seuls mérites passés lui confèrent des droits imprescriptibles. Le rideau se lève sur une chambre d’hôtel tout en bois, dans laquelle trône un lit immense sur lequel est vautré Falstaff. Tout autour de lui, des chariots avec des restes de repas. Les autres scènes du premier acte se passent dans les salons ou la salle à manger de l’hôtel (Fenton est ici un simple serveur), où les préoccupations des clients semblent se limiter au repos, à la nourriture et à la chasse. Le deuxième acte a lieu dans une étincelante cuisine en formica jaune, dotée de tous les appareils électroménagers qui ont dû faire fureur à l’époque. Les joyeuses commères, très typées dans leurs vêtements et leur coiffure, semblent sortir tout droit d’une série TV américaine. Au dernier acte, avant de se mettre à table pour un banquet, les chanteurs pointent leurs doigts vers le public pour la célèbre fugue finale (Tutto nel mondo è burla); la salle se rallume alors petit à petit, laissant découvrir ses quatre étages de loges, ce qui constitue toujours un moment particulièrement émouvant dans ce théâtre chargé de tant d’histoire. Certaines scènes sont comme détachées de l’ensemble par un habile jeu de lumières, notamment les duos entre Nannetta et Fenton ou encore la tirade de Falstaff sur l’honneur, conférant au spectacle des allures de comédie musicale.


L’impression est renforcée par la direction de Daniel Harding, qui donne de la partition une lecture vive et leste, fluide et rutilante, mais qui ne s’embarrasse guère de couleurs et de nuances, reléguant au second plan la nostalgie et la mélancolie qui imprègnent l’œuvre. La Scala a su réunir une distribution vocale d’un excellent niveau et parfaitement homogène. Ambrogio Maestri est LE Falstaff de notre époque, le chanteur ayant non seulement le physique du rôle mais aussi la voix qui sied au chevalier, à la fois majestueuse et capable des nuances les plus infimes. Daniela Barcellona incarne une Quickly irrésistiblement drôle, avec des Reverenza qui déclenchent à chaque fois l’hilarité de la salle en raison des trémoussements de la chanteuse, sans parler de sa coiffure improbable, ornée de fleurs multicolores. Carmen Giannattasio campe une Alice particulièrement sensuelle, mariée au Ford sonore et vaniteux de Fabio Capitanucci, qui démontre une veine comique insoupçonnée lorsqu’il apparaît en Texan nouveau riche, avec un immense chapeau, comme s’il rentrait d’un rodéo, sous les traits du signor Fontana. Le couple d’amoureux formé par la Nannetta d’Irina Lungu et le Fenton de Francesco Demuro en Fenton est très bien assorti, alors que la Meg de Laura Polverelli se fait plutôt discrète, la projection de la chanteuse n’atteignant pas celle de ses collègues. L’année Verdi a débuté sous les meilleurs auspices à Milan!



Claudio Poloni

 

 

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