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Tout juste divertissant

Liège
Opéra royal de Wallonie
01/18/2013 -  et 20*, 22, 24, 26 janvier 2013
Gioacchino Rossini : L’italiana in Algeri
Enkelejda Shkosa (Isabella), Carlo Lepore (Mustafà), Daniele Zanfardino (Lindoro), Mario Cassi (Taddeo), Liesbeth Devos (Elvira), Julie Bailly (Zulma), Laurent Kubla (Haly)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Marcel Seminara (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Bruno Campanella (direction)
Emilio Sagi (mise en scène), Enrique Bordolini (décors), Renata Schussheim (costumes), Eduardo Bravo (lumières)


(© Jacky Croisier)


Un opéra bouffe en décembre, un dramma giocoso en janvier : à l’Opéra royal de Wallonie, le passage d’une année à l’autre évolue dans la légèreté mais, si Corinne et Gilles Benizio ajoutent de nombreuses idées amusantes à La Belle Hélène, Emilio Sagi rend cette Italienne à Alger (1813) tout juste divertissante. Ce Rossini, le metteur en scène le souhaite «simple mais riche en couleurs», mission accomplie grâces aux décors (élémentaires) d’Enrique Bordolini, joliment éclairés par Eduardo Bravo, et aux costumes aux teintes multiples de Renata Schussheim. Néanmoins, l’ennui pointe plus d’une fois à cause d’un manque d’audace et de tonus. Confronter le monde arabe (Mustafà) et le cinéma italien des années 1950 (Isabella) fonctionne bien, mais l’originalité s’arrête là, encore qu’il fallait oser le couvre-chef dont est affublé le bey au second acte : une toque de cuisinier surmontée d’un plat de spaghetti à la sauce tomate. Inutile de s’attarder sur les détails (Tour de Pise miniature, circuit de train électrique) ni sur le départ en bateau qui prend la mer symbolisée par des ballons gonflables.


Une distribution ordinaire tente de conférer un tant soit peu de relief aux personnages. Enkelejda Shkosa, qui remplace Marianna Pizzolato, compose une Isabella bourgeoise, sophistiquée et m’as-tu-vu. La mezzo-soprano albanaise ne possède pas l’abattage propre aux grandes rossiniennes, capables à elles seules de soulever d’enthousiasme une salle entière, mais elle diversifie correctement son chant et tire parti des couleurs sombres de sa voix. Dans le rôle de Mustafà, Carlo Lepore témoigne d’un solide métier et livre la prestation la plus drôle et, probablement, la plus accomplie sur la plan vocal. En charge de celui de Lindoro, Daniele Zanfardino possède un timbre caractéristique de ténor rompu au belcanto, c’est-à-dire mince, clair et agile, quoique les aigus paraissent faibles. Mario Cassi se montre inspiré et constant et profite du personnage de Taddeo pour mettre en valeur son talent de comédien. Belges toutes les deux, Liesbeth Devos (Elvira) et Julie Bailly (Zulma) forment un duo plein de fraîcheur tandis que Laurent Kubla chante convenablement le petit rôle d’Haly.


Bien qu’il programme régulièrement des ouvrages italiens du XIXe siècle, l’Opéra royal de Wallonie n’avait pas encore permis à Bruno Campanella de se produire dans sa fosse. Sagement conduit, l’orchestre perd en dynamisme et en élan ce qu’il gagne en précision et en cohésion, mais il affiche un bilan instrumental heureusement positif : cordes fines et homogènes, bois fruités et nuancés. Un mot pour finir sur les hommes du chœur (bien préparé par Marcel Seminara) : ils portent tous... un soutien-gorge (qu’ils prennent toutefois soin de garder sur eux). Cette production partagée avec Lausanne, Oviedo et Santiago du Chili ne démérite pas au sein d’une saison jusqu’à présent intéressante mais elle ne restera pas gravée dans la mémoire.



Sébastien Foucart

 

 

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