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«Alles Gute zum Geburtstag!»

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/14/2013 -  et 11, 12, 13 (Wien), 15 (Berlin), 16 (Mannheim) janvier 2013
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 7 en la majeur, opus 92
Igor Stravinsky : L’Oiseau de feu (Suite)
Maurice Ravel : Boléro

Wiener Philharmoniker, Georges Prêtre (direction)


G. Prêtre


Si le public s’engouffre précipitamment dans le hall du Théâtre des Champs-Elysées, ce n’est pas seulement pour fuir la neige et les bourrasques d’un vent glacial qui s’abattent sur Paris, mais c’est aussi pour assister à la rencontre de deux véritables institutions. On ne présente plus les Wiener Philharmoniker, orchestre vénérable qui a fêté en 2012 son cent soixante-dixième anniversaire et qui est apparu, lors de ce concert, plus rajeuni que jamais. Au poste de Konzertmeister, en lieu et place des habituels Rainer (Küchl ou Honeck), Volkhard Steude dont c’était, sauf erreur, la première fois qu’il occupait cette place devant le public parisien; aux postes de hautbois et de clarinette solo, les tout aussi sémillants Harald Hörth et Matthias Schorn. On aura également noté la présence de quatre jeunes femmes, toutes dans la section des premiers violons... Quant au chef de la soirée, il est lui aussi une institution, comme l’illustrent d’ailleurs les insignes de commandeur de la Légion d’honneur au revers de son frac: à plus de quatre-vingt-huit ans (il est né en août 1924), Georges Prêtre apparaît ce soir plutôt affaibli en dépit du pas décidé qu’il adopte pour monter sur l’estrade.


Sans revenir sur son immense carrière, notons que cette tournée européenne du Philharmonique de Vienne marquait le cinquantième anniversaire d’une collaboration intense entre l’orchestre et le chef français. Tout cela avait pourtant doucement démarré en 1962 à l’invitation de Herbert von Karajan, alors à la tête de l’Opéra de Vienne. Le 2 juin, Prêtre y dirige pour la première fois: au programme, Capriccio dans une production qui sera d’ailleurs reprise les deux années suivantes avec, notamment, Lisa Della Casa, Anton Dermota et Rita Streich à l’affiche. Au mois de novembre, c’est au tour de Carmen d’être donné sous sa direction (en allemand), opéra qu’il donne en alternance avec Rigoletto, avant, en février 1963, la production d’un autre grand opéra français: Faust de Gounod, en français cette fois-ci. La mise en scène était alors signée Jean-Pierre Ponnelle et les plus grands chanteurs étaient sur scène (Waldemar Kmentt chantait Faust, Nicolaï Ghiaurov tenait le rôle de Mephistophélès et Wilma Lipp chantait Marguerite). Mais c’est en 1963 que Prêtre remplace au pied levé Hans Knappertsbusch pour diriger pour la première fois les Wiener Philharmoniker dans un des «concerts Nicolai» de la saison musicale viennoise d’alors. Depuis, il aura à maintes reprises l’occasion de les retrouver, que ce soit à l’opéra (un grand Samson et Dalila au festival de Pentecôte de Salzbourg en 1990) ou en concert, et ce aussi bien en tournée comme ce fut le cas en 2006 et en 2009 que pour le fameux Neujahrskonzert qu’il eut l’insigne honneur de diriger à deux reprises, en 2008 (voir ici et ici) et en 2010 (voir ici et ici).


L’objet de la soirée était donc a priori moins musical que festif: c’est également l’impression générale qui en ressort une fois les dernières notes retombées... Car, comme souvent avec Prêtre, la pulsation est hésitante, bringuebalante, inutilement originale, le rubato semblant être le seul fil conducteur des œuvres qu’il dirige. Dès la pourtant très classique Septième Symphonie (1813) de Ludwig van Beethoven (1770-1827), l’orchestre tangue; bien que pris à une bonne allure, l’Allegretto s’enlise rapidement, précédant un dernier mouvement totalement raté, où de soudaines accélérations succèdent à des ralentis à la limite de la caricature. En outre, si l’on peut comprendre qu’il ne soit pas aisé pour les musiciens, même pour un orchestre de cette trempe, de suivre une telle battue, on est étonné par la qualité relativement médiocre de l’orchestre ce soir: le hautbois ne séduit pas, les cors (au nombre de quatre) manquent d’unité et de rondeur et même les cordes ont peine à illustrer leur soyeux légendaire.


Même appréciation mitigée, quoique plus favorable, dans la Suite tirée de L’Oiseau de feu (1919) d’Igor Stravinsky (1882-1971). Si le Philharmonique de Vienne retrouve quelque splendeur (enfin, le volume et la cohésion des cordes s’avèrent de très haut niveau et le fameux solo de cor qui ouvre la section finale est du meilleur effet), on reste néanmoins sur sa faim à l’écoute de quelques interventions: ainsi, comment accepter qu’un violoncelle sans charme, presque sec, précède de la sorte des trompettes au bord de la sortie de route? Georges Prêtre dirige l’ensemble avec une certaine complaisance, accentuant sans que ce soit utile la grandiloquence de la péroraison, ne veillant pas toujours à l’équilibre au sein de l’orchestre (le piccolo s’avérant souvent trop fort par rapport aux autres bois) et donnant en fin de compte une interprétation assez banale de ce morceau de bravoure.


Enfin, comme souvent dans ses programmations (voir ici et ici), Georges Prêtre avait choisi de diriger le Boléro (1928) de Maurice Ravel (1875-1937). Entre subjectivité et mauvais goût, il n’y a parfois qu’un pas que le chef français a sans nul doute choisi de franchir ce soir. Ainsi, chaque solo, qui commence pourtant bien, est sciemment joué de manière alangui dans sa seconde partie, donnant de ce fait à chaque intervention une couleur sirupeuse qui contraste avec la réputation de métronome implacable attachée à la figure de Ravel. A ce jeu-là, quelques musiciens s’en sortent d’ailleurs difficilement, à commencer par la clarinette en mi bémol, le basson et le cor anglais. C’est pourtant une salle comble et enthousiaste qui se lève dès la fin de l’œuvre pour ovationner Georges Prêtre qui, de façon assez émouvante, avait dédié cette dernière pièce à son fils, tout récemment disparu. En guise de conclusion, deux œuvres attendues puisque typiquement viennoises: la Valse de l’Empereur et la non moins célèbre Tritsch-Tratsch-Polka de Johann Strauss fils. Enfin, la magie viennoise, tout du moins dans la première œuvre, refit surface mais là aussi, Georges Prêtre ne fut tout de même pas exempt de quelques excès...


Mais, comme on l’a dit, l’intérêt de la soirée était peut-être ailleurs. Allez, bon anniversaire quand même, maestro!


Le site de l’Orchestre philharmonique de Vienne



Sébastien Gauthier

 

 

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