About us / Contact

The Classical Music Network

Nancy

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une Etoile semi-brillante

Nancy
Opéra
12/28/2012 -  et 29, 31 décembre 2012, 1er, 3* janvier 2013
Emmanuel Chabrier : L’Etoile

Anaïk Morel (Lazuli), Norma Nahoun (La Princesse Laouli), Amaya Dominguez (Aloès), Eric Huchet (Le Roi Ouf Ier), Jean-Vincent Blot (Siroco), Christophe Gay (Hérisson de Porc-Epic), Christophe Berry (Tapioca), Jean-Marc Bihour (Mme Bihour), Il Yu Lee (Patacha), Pascal Desaux (Zalzal)
Chœur de l’Opéra national de Lorraine, Merion Powell (chef de chœur), Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, Jonathan Schiffman (direction)
Emmanuelle Bastet (mise en scène), Duncan Hayer (décors et costumes), François Thouret (lumières), Laura Scozzi (chorégraphies)


(© Opéra national de Lorraine)


Etrennée à Angers et Nantes en 2005, reprise en 2008 au Grand-Théâtre de Luxembourg, c’est à présent à l’Opéra national de Lorraine que cette production, signée par Emmanuelle Bastet, fait escale pour égayer les fêtes de fin d’années des Nancéens. Créée au Théâtre des Bouffes-Parisiens en 1877, L’Etoile de Chabrier est une œuvre délicieuse qui recèle de nombreux morceaux célèbres, tel le savoureux «Air du pal» ou la poétique «Romance à l’étoile» (ici tendrement chorégraphiée par Laura Scozzi). La partition, toujours scintillante et raffinée, dérouta le public de l’époque, même si un Vincent d’Indy s’en enthousiasma: «Cette pimpante Etoile, petit chef-d’œuvre de musique drôle, aussi brillant que le Barbier, est à coup sûr plus comique et plus musicale que toutes les opérettes antérieures».


L’intrigue, rappelons-la, est complètement loufoque: roi de trente-six pays, Ouf Ier a pour saine habitude d’offrir une mise à mort par le pal chaque année pour la saint Ouf, et c’est sur le pauvre Lazuli que l’ordonnance royale tombe cette fois. Heureusement pour le jeune colporteur, le très redouté astrologue Siroco avertit le roi, au moment fatidique du supplice, que son sort est scellé à celui de sa victime, et qu’ainsi sa propre vie s’éteindra moins de vingt-quatre heures après celle de Lazuli. Après ce retournement de situation s’enchaînent toute sorte d’épisodes cocasses et absurdes, jusqu’au dénouement final, empli de liesse.


Emmanuelle Bastet transpose le livret original dans l’univers d’un grand magasin parisien pendant l’entre-deux-guerres. Ouf Ier en est le directeur général (ici déguisé en Père Noël, calendrier oblige), l’astrologue Siroco le chef de la sécurité tandis que les deux ambassadeurs du royaume de Mataquin sont des hommes d’affaire mandatés par une enseigne concurrente pour racheter les magasins Ouf. Si elle s’avère généralement burlesque, on notera cependant que la transposition entre parfois en contradiction avec le texte (pourtant réactualisé, comme le veut le genre) et que le troc du pal contre une seringue fait tomber à plat le potentiel comique inhérent à cet air. Les instants les plus drôles sont ceux qui interviennent pendant les changements de décor: un ascenseur (avec groom et musique jazzy) desservant les trente-six étages du magasin est ainsi le moment privilégié de saynètes savoureuses. Mais le principal moteur de l’action et pourvoyeur de gags, c’est bien Jean-Marc Bihour qui, dans le rôle ajouté de Mme Bihour, la directrice des ressources humaines, met à mal nos zygomatiques à chacune de ses apparitions.


La distribution vocale s’avère globalement satisfaisante. Si le chant d’Anaïk Morel manque singulièrement d’éclat, elle le compense par une aisance scénique indéniable. En Princesse Laouli, la soprano française Norma Nahoun fait valoir un joli timbre fruité, dont la douceur fait merveille dans son récit de la noyade de Lazuli. Eric Huchet campe un Roi Ouf Ier haut en couleur et gratifie ce personnage de son timbre clair et de sa superbe diction. On regrette que le rôle de Siroco ne soit pas plus étoffé tant Jean-Vincent Blot impressionne par ses graves profonds et assurés. Les deux hommes se montrent drolatiques à souhait quand ils outrent leurs moyens vocaux dans le fameux «Duo de la Chartreuse», parodie du grand opéra meyerbeerien. Quant aux comprimari, ils s’avèrent tous convaincants avec une mention spéciale pour le duo comique Tapioca/Hérisson de Porc-Epic des excellents Christophe Berry et Christophe Gay.


Gros point noir de la soirée, la direction brutale et sans raffinement du chef canadien Jonathan Schiffman, placé à la tête de l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy. Sous sa baguette, la musique pourtant si délicate de Chabrier prend des allures de défilé de la Wehrmacht. Bref, une fête un peu gâchée...



Emmanuel Andrieu

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com