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Sabbat pas, la tête?

Toulouse
Chapelle des Carmélites
11/22/2000 -  
“Shakespeare en Ballads”

Les Witches : Pascale Boquet (luth) ; Odile Edouard (violon) ; Claire Michon (flûtes à bec) ; Freddy Eichelberger (clavecin)
Yves Achille Marie Aubry (acteur, metteur en scène)

Sur scène, pour tout décor, quatre chandeliers et une chaise recouverte de velours rouge. Puis quatre musiciens vêtus -mal- d’habits façon élisabéthains de spectacle de fin d’année. Un acteur en frac, aux pantalons trop courts. D’une voix de théâtreux pour scène subventionnée de sous-préfecture, il introduit le concert et les lectures à venir. Et le spectateur, inquiet, de se demander “Ô macarel! où suis-je tombé?” (on est à Toulouse, ne l’oubliez pas). Mais le discours s’embrouille, dérape, les musiciens s’impatientent et tout démarre dans l’absurde le plus total. Rasséréné, le spectateur regagne son siège. Et l’espace d’une heure et demie, la superbe, mais glacée, Chapelle des Carmélites se transforme en véritable cabaret.

Mélange inclassable d’humour décalé, de dérision stigmatisant les tics des musiciens et acteurs (le comédien bavard, la violoniste qui tire la couverture à elle…) et de loufoque total -il faut avoir vu Yves Achille Marie Aubry (ouf!) mimer la majorette avec un pupitre en guise de bâton, ou entendu le générique du Muppet Show joué au violon baroque et au clavecin!- ce spectacle sait aussi faire affleurer l’émotion lorsque, dans la scène du balcon de Roméo et Juliette, le violon, incarnant la belle Juliette, donne la plus tendre des répliques à l’acteur.

Mais, au-delà de l’aspect réjouissant du spectacle -impossible de ne pas rire à gorge déployée devant un tel déchaînement- il s’agit certainement de la façon la plus plausible de rendre aujourd’hui ce que pouvait représenter un spectacle de théâtre élisabéthain, genre qui les contient tous, de la tragédie à la comédie, issu des tréteaux du théâtre de foire et porteur d’une poésie qui continue à nous émouvoir à cinq siècles de distance.

Et la musique, direz-vous? Toujours superbement jouée, avec une mention pour la flûte si émouvante de Claire Michon, jamais la farce ne se fait à son détriment ; mieux, le spectacle est conçu de façon à ce que chaque envolée de l’acteur, du comique au tragique, éclaire et soit éclairée par les pièces qui l’entourent.

Une expérience de concert très originale, un sacré bon moment de comédie et de musique.

Ce concert ouvrait la saison des “Concerts au musée” de l’association Les Arts Renaissants. Les prochains concerts, qui auront lieu au Musée des Augustins, seront:
*Le 6 décembre 2000 : Huelgas Ensemble “Le Chant de Virgile” (C. de Rore, R. de Lassus, J. Des Près)

*Le 10 janvier 2001 : Trio Sara Kuijken “France, Russie, Japon au 20° siècle” (Debussy, Stravinski, Takemitsu)

*Le 28 février 2001: L’Archibudelli jouera Mozart, Beethoven et Schubert

*Le 14 mars 2001 : Akademie für Alte Musik de berlin, dirigée par Stephan Mai jouera JS et CPE Bach, ainsi que Telemann

*Le 18 avril 2001 : Quatuor Cristofori “Ultimes confidences”, un programme d’œuvres de CPE Bach.

Renseignements :
Les Arts Renaissants 24, rue Croix-Baragnon, 31000 Toulouse
Tél et fax : 05 61 25 27 32


Laurent Marty

 

 

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